Les filles du feu

Par leur art inégalé du possible, ces "filles du feu", bien oubliées aujourd'hui, ont été de grandes amoureuses qui on porté leur flamme haut et loin, la rallumant à tous les embrasements de leur temps pour conquérir d'autres horizons illuminés. Ces conquérantes ont été allumeuses aussi — de celles qui éclairent et "donnent de la lumière" en une ardente sororité toujours à reconstruire entre femmes d'aujourd'hui...
De Colette Andris à Maria Zakrevskaïa, ces voleuses de feu ont incarné l'Aventure au féminin et en majuscules. Ces aventurières-là ont possédé bien plus qu'elles-mêmes — elles ont opposé leur densité de femme à ce qui dans le monde se défait ou se renie. Elles ont bousculé les lignes de front, défié la pesanteur comme la fatalité et emporté les digues en creusant leur sillon d'humanité par le mouvement ouvert et délié de leur féminité à l'oeuvre.
Qu'elles aient été l'incarnation d'Aphrodite terrassant les hommes de leur beauté, de Circé les renvoyant à leur part animale ou de Carabosse faisant parler des plaies ouvertes, elles se firent flammes vives pour passer entre les barreaux de leurs prisons - histoire d'habiter en pleine présence le corps brillant des choses et de précipiter l'avènement de leur monde...