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Durant la Renaissance, le dialogue est partout, dans tous les champs du savoir et de l'expression "littéraire" comme dans tous les pays d'Europe. Ses formes sont d'une déconcertante diversité, s'adaptant et se déployant selon des temporalités elles-mêmes très variables. L'on pourrait s'amuser à dire, en partant du constat qu'il faut attendre le dernier tiers du XVIe siècle pour voir apparaître ses premières théorisations (Carlo Sigonio, Sperone Speroni, Torquato Tasso), que, pendant longtemps, s'il est partout, le dialogue n'est à proprement parler nulle part : il reste sans territoire défini, ni même sans doute définissable, dans l'univers des genres de l'écrit et a fortiori dans ses relevés cartographiques.
Sans territoire circonscrit au sens propre non plus, puisque né dans sa forme "moderne" en Italie (avec Pétrarque comme initiateur), mais en un âge que caractérisent la densité et la continuité des échanges entre lettrés de différentes "nations", il semble étendre inexorablement et durablement son aire d'extension. Absolument et définitivement sans territoire ? L'observateur attentif pourra cependant distinguer des "couleurs locales" : outre le cas, italien, le mieux connu sans doute, le plus logiquement marqué par des studia humanitatis, y aurait-il un filon espagnol, marqué par un esprit de sérieux couplé à la promotion résolue des langues vulgaires, castillan au premier chef, et volontiers tourné vers les horizons géographiques nouveaux ? Une veine française, très sensible à l'hybridation, voire à la déconstruction ? Et qu'en est-il des aires laissées de côté, l'anglophone notamment ?