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A 18 ans, l'auteur fait l'expérience de la faim. Il est étudiant, a perdu tous ses papiers et demeure bloqué dans un grand port industriel d'Europe centrale. Pendant trois jours, il va tout faire pour contenter sa faim. Sans succès. Cette expérience, somme toute banale, est à l'origine des années de travail qui le conduiront à une thèse soutenue en 2016. Le présent ouvrage procède de ces recherches de très long terme et tente de montrer que la faim, avant toute chose, est le premier de nos déterminants.
Ce ne sont ni le langage, ni le sexe, ni l'art qui nous définissent dans notre humanité native, mais bien notre rapport à la faim. Il nous faut ingérer, digérer, extraire, sans cesse, coûte que coûte. Les normes morales, la culture, la verticalité spirituelle, le sens même donné aux trajectoires individuelles et collectives s'effondrent en masse devant le totem dévorant de la faim. Il s'ensuit que si nous voulons maintenir un semblant de sens, sans doute est-il plus que temps de faire cesser le déni et d'accepter la vraie nature de nos existences que nous pourrions définir d'un terme : nous sommes d'abord des "homo famelicus".