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  • Nombre de pages341
  • PrésentationBroché
  • FormatPoche
  • Poids0.178 kg
  • Dimensions10,8 cm × 17,8 cm × 1,5 cm
  • ISBN978-2-07-292111-7
  • EAN9782072921117
  • Date de parution07/01/2021
  • CollectionFolio
  • ÉditeurGallimard

Résumé

"Tu sais ce qui arrive à ceux qui pensent qu'on peut survivre en respectant des lois morales ? Tôt ou tard, ils finissent piétinés". Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Leur fils, Alexandre, étudie dans une prestigieuse université américaine. Mais alors que tout semble leur réussir, une accusation de viol fait voler en éclats ce qu'ils avaient si chèrement acquis.
Ce roman puissant interroge la violence du monde contemporain et nous confronte à nos peurs : qui est à l'abri de se retrouver un jour piégé dans un redoutable engrenage ?
"Tu sais ce qui arrive à ceux qui pensent qu'on peut survivre en respectant des lois morales ? Tôt ou tard, ils finissent piétinés". Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Leur fils, Alexandre, étudie dans une prestigieuse université américaine. Mais alors que tout semble leur réussir, une accusation de viol fait voler en éclats ce qu'ils avaient si chèrement acquis.
Ce roman puissant interroge la violence du monde contemporain et nous confronte à nos peurs : qui est à l'abri de se retrouver un jour piégé dans un redoutable engrenage ?

Avis libraires
Commentaires laissés par les libraires

7 Coups de cœur
de nos libraires
Amandine B. - 2Decitre Annecy
5/5
Suffoquant
Une atmosphère oppressante, on balance de la victime au présumé innocent.... on ne sait plus qui croire... c'est la parole de l'un contre celle de l'autre... Karine Tuil nous emmène avec brio au cœur d'une affaire de viol avec justesse, sans jamais tomber dans le voyeurisme ni prendre parti. Instructif ! Terrifiant ! Suffoquant !
Une atmosphère oppressante, on balance de la victime au présumé innocent.... on ne sait plus qui croire... c'est la parole de l'un contre celle de l'autre... Karine Tuil nous emmène avec brio au cœur d'une affaire de viol avec justesse, sans jamais tomber dans le voyeurisme ni prendre parti. Instructif ! Terrifiant ! Suffoquant !
Florence Guillermin Decitre Part-Dieu
5/5
le vertige de la chute
Il fallait impérativement que l'auteure soit Karin Tuil pour que j'ouvre ce roman qui parle de viol, le brio de l'écriture et la finesse de l'analyse des personnages ont fait le reste, je l'ai lu jusqu'au bout , en bref un roman très puissant!
Il fallait impérativement que l'auteure soit Karin Tuil pour que j'ouvre ce roman qui parle de viol, le brio de l'écriture et la finesse de l'analyse des personnages ont fait le reste, je l'ai lu jusqu'au bout , en bref un roman très puissant!
Thomas C.Decitre Ecully
5/5
PRIX GONCOURT DES LYCÉENS 2019 !
LES CHOSES HUMAINES Karine Tuil Comme chaque année, les lycéens frappent juste ! Les Choses Humaines est LE roman important de cette année, celui qui analyse le plus finement notre société de la toute-vitesse. Celle qui, à mille à l’heure, passe à la moulinette des vies entières, des gens et puis parfois, pour un oui, pour un non, aussi leurs réputations… Karine Tuil nous offre ici un puits sans fond de questions, de débats, autour, bien sûr, des prémisses de « me too », du viol et de la question centrale de la libération de la parole, tout en abordant aussi les dérives actuelles des emballements médiatico-judiciaires autour de ces affaires... Un roman indispensable qui, sans jamais tomber dans la caricature ou le cynisme, nous permet, avec mesure enfin (!), de regarder en face notre monde qui nous échappe…
LES CHOSES HUMAINES Karine Tuil Comme chaque année, les lycéens frappent juste ! Les Choses Humaines est LE roman important de cette année, celui qui analyse le plus finement notre société de la toute-vitesse. Celle qui, à mille à l’heure, passe à la moulinette des vies entières, des gens et puis parfois, pour un oui, pour un non, aussi leurs réputations… Karine Tuil nous offre ici un puits sans fond de questions, de débats, autour, bien sûr, des prémisses de « me too », du viol et de la question centrale de la libération de la parole, tout en abordant aussi les dérives actuelles des emballements médiatico-judiciaires autour de ces affaires... Un roman indispensable qui, sans jamais tomber dans la caricature ou le cynisme, nous permet, avec mesure enfin (!), de regarder en face notre monde qui nous échappe…

Avis des lecteurs
Commentaires laissés par nos lecteurs

4.7/5
sur 7 notes dont 3 avis lecteurs
Dérangeant et oppressant
Karine TUIL explore le thème du viol dans ce roman. Elle confronte les points de vue d'Alexandre et de Mila, mais aussi de leurs parents et met en lumière l'engrenage des réseaux sociaux qui réagissent "à chaud", sans réflexion et vulgairement. La tension est énorme, on ressent la pression ; et qui croire? Un bémol: la drogue et l'alcool consommés ne sont pas condamnés au procès, ni dans les réseaux sociaux et c"est regrettable
Karine TUIL explore le thème du viol dans ce roman. Elle confronte les points de vue d'Alexandre et de Mila, mais aussi de leurs parents et met en lumière l'engrenage des réseaux sociaux qui réagissent "à chaud", sans réflexion et vulgairement. La tension est énorme, on ressent la pression ; et qui croire? Un bémol: la drogue et l'alcool consommés ne sont pas condamnés au procès, ni dans les réseaux sociaux et c"est regrettable
La chute
Je n'ai pas lâché ce livre à partir du moment où je l'ai ouvert. Les mots sont justes, l'écriture limpide, le style direct. La retranscription du procès est parfois brutale mais juste. J'ai aimé la différence de visions accusé-accusatrice sur ce qui s'est passé. Un livre fort qui ouvre les yeux sur une dérive malheureusement trop fréquente et souvent banalisée. Je recommande vivement.
Je n'ai pas lâché ce livre à partir du moment où je l'ai ouvert. Les mots sont justes, l'écriture limpide, le style direct. La retranscription du procès est parfois brutale mais juste. J'ai aimé la différence de visions accusé-accusatrice sur ce qui s'est passé. Un livre fort qui ouvre les yeux sur une dérive malheureusement trop fréquente et souvent banalisée. Je recommande vivement.
Un roman remarquable.
De nos jours à Paris. Jean FAREL, septuagénaire, célèbre journaliste politique de radio et de télévision et Claire, son épouse, essayiste et féministe engagée, forment un couple socialement et culturellement privilégié, célèbre et influant. Alexandre, leur fils, brillant étudiant à l'université de Stanforf(1), réside habituellement en Californie. L'union s'est rapidement transformée en "une vitrine de façade" (P.35) ; noceurs ou migrants en quête d'amour, les époux ne se singularisent plus par la fidélité. Ainsi, à la faveur d'un débat dans la classe d'Adam WEIZMAN, professeur de français dans une école juive, Claire s'éprend de celui-ci ; l'attirance est réciproque. Marié à une femme juive orthodoxe, Adam n'est pas préparé à laisser une situation familiale établie, délaisser ses filles, plus particulièrement l'aînée, Mila, très fragilisée depuis l'attentat perpétré dans son école quelques années plus tôt. Mais en conséquence de sa révocation d'enseignant et de sa soustraction au joug de son épouse, il se résout à se séparer. Il emménage avec Claire et Mila. Lors d'un séjour en France, Alexandre, à contrecœur, est prié, par sa mère et Adam, d'amener Mila à une soirée chez des amis. Tandis-que la musique est bruyante, la boisson abondante et la "Marie-Jeanne" enivrante, Mila accepte de suivre Alexandre à l'extérieur pour fumer. Nullement effrayée, la jeune fille consent à s'enfermer avec Alexandre dans un local insalubre dans lequel ils ont une relation sexuelle singulièrement graveleuse. Que s'est-il réellement produit, durant ces quelques minutes dans ce local à déchets, dans l'esprit d'Alexandre et de Mila ? Toujours est-il que cette dernière, quittant les lieux immédiatement après, déposera une plainte pour viol prétextant une extorsion de son consentement. C'est un séisme dans la famille FAREL exposée à une avalanche d'assauts médiatiques féroces et vengeurs. Alexandre nie vigoureusement avoir forcé Mila, mais il est arrêté, déféré et finalement incarcéré. Ses études à l'université de Stanforf sont interrompues et définitivement compromises. Au terme d'une instruction judiciaire, où chacune des parties maintient sa version, Alexandre invoque le consentement de Mila contesté résolument par celle-ci. Il comparait devant la cour d'assises pour y répondre du chef de viol avec violences. Sur leur seule intime conviction, les jurés doivent décider si Mila a consenti à cette relation ou si Alexandre la lui a imposée... "Les choses humaines" est le onzième roman de Karine TUIL, juriste de formation, paru, en 2019, aux éditions GALLIMARD. Il a été très favorablement accueilli par les lecteurs et les critiques à l'instar des précédents dont les plus notables - "l'invention de nos vie" et "l'insouciance" - ont été traduits en plusieurs langues. Karine TUIL a reçu de nombreux prix et distinctions : le Prix du Roman News (2011), pour "six mois six jour", le Prix littéraires Les Lauriers Verts (2013) pour "l'invention de nos vies" ; les insignes de chevalier de l'ordre des arts et des lettres (2014), elle y sera élevée au grade d'officier, en 2017. Nombreux de ses ouvrages ont été sélectionnés pour le Prix Goncourt. Les romans de Karine TUIL sont très souvent symboliques, pour ainsi dire métaphoriques, des réalités sociales et sociétales - à l'image, dans un autre univers, de "l'insouciance" (Gallimard, 2016). C'est au moyen d'une expression souple, accessible, intelligible, intelligente et d'un récit habile et presque linéaire que l'auteur montre, une fois encore, sa parfaite maîtrise de l'écriture. La structuration absolue et harmonieuse du roman est remarquable. Ainsi, après une présentation et le récit de différents catalyseurs ("diffraction" (2)), Karine TUIL introduit l'effet déclencheur de l'intrigue - le présumé viol ("le territoire de la violence"), puis relate enfin minutieusement le procès d'Alexandre, et ses suites, devant la cour d'assises ("rapports humains"). Estimer "les choses humaines", une fiction sociale et sociétale, d'abord à l'aune de sa forme – de son style irréprochable et de sa structuration habile - n'est pas un exercice de circonstance. le récit du crime imputé à Alexandre survient seulement à la 153ème page/342 pages. Mais à peine de ruiner l'oeuvre de ses qualités singulières, l'auteur ne pouvait faire l'économie d'une exposition préalable caractérisée. La tonalité du contexte socio-culturel, l'intelligence des personnages, les décors ou encore le paysage de l'oeuvre instruisent sur l'intrigue et accroissent la portée du roman ; Karine TUIL y réussit remarquablement sans ennuyer ni déprimer le lecteur. "La forme, c'est le fond qui remonte à la surface". le roman de Karine TUIL ne réfute pas la pensée de Victor HUGO. Quoique facile, distrayant et passionnant, le roman de Karine TUIL n'en est pas moins exigeant par ses multiples perceptions et pénétrations de la société contemporaine : la justice - bousculée par la puissance des réseaux sociaux, des médias et de "l'opinion" - la dépravation du monde politico-médiatique, les groupes ultra féministes, la condition des juifs en France, le terrorisme islamiste… Toutefois, l'intrigue oscille et progresse autour du sexe et la tentation de la déprédation: un brillant étudiant, issu d'un milieu très favorisé, est accusé du viol avec violences sur une jeune femme désavantagée par l'existence, la fille de l'amant de sa mère. L'enjeu de l'intrigue dans le roman est évident et saisissant de réalisme : montrer que les violeurs, majoritairement, se réfugient dans le déni de leur acte ; les victimes, quant à elles, sont à telle enseigne en état de sidération lors de l'agression, plus particulièrement lors d'un "viol opportuniste" (P.314), non prémédité, qu'elles n'osent aucune résistance. Karine TUIL montre précisément, ici, l'amphibie du viol et son incertitude. Car, de fait, l'on n'a aucune information, sinon la parole d'Alexandre contre celle de Mila. Cette ambiguïté est le fil conducteur du roman. La "vérité judiciaire" n'est révélée qu'à la fin du livre. Est-ce à dire que Karine TUIL, quand elle écrit le roman, nonobstant ce choix fictionnel ambigu, ne sait rien du geste de son personnage, Alexandre ? Rien n'est moins sûr : le narrateur, externe et impersonnel, auquel recourt l'auteur semble omniscient et informé de la psychologie des protagonistes. En d'autres termes, Karine TUIL, tout en réservant un suspense au lecteur, ne semble pas, en écrivant son roman, douter de l'innocence ou de la culpabilité d'Alexandre. Celui-ci et son père, Jean FAREL, ne sont pas toujours présentés à leur avantage. Claire, sa mère, pourtant féministe, lui trouve des excuses insensées ; Jean FAREL lors du procès, témoigne ainsi: "je pense qu'il serait injuste de détruire la vie d'un garçon intelligent, droit, aimant, un garçon à qui jusqu'à présent tout à réussi, pour vingt minutes d'action". (P. 281). C'est, au demeurant, un autre élément équivoque du roman et un véritable coup de maître de Karine TUIL : Alexandre, accusé de viol avec violences, inspire de la sympathie au lecteur, parfois culpabilisante, renforcée par la posture des réseaux sociaux et de l'opinion lorsque ceux-ci se pervertissent en tribunal populaire : " de quoi vous ont-ils parlé, sinon des rapports de classe, du sentiment de la honte, de l'affaire Weinstein et du mouvement MeToo ? Et le dossier? On vous cite Gisèle Halimi, d'accord, mais Alexandre dans tout ça…(P.324) "…On vous demande de condamner cet homme parce que la société le réclame au nom de la libération de la parole et d'une révolution féministe salutaire…Vous allez plier à l'injonction publique ?" (P. 325). L'auteur décrit admirablement bien et fidèlement, à l'occasion du jugement d'Alexandre devant la cour d'assises, le déroulement et les écueils d'un procès pénal : le rôle de la victime, trop souvent "déplacé", de l'accusé et de celle du représentant de la société par la voix du ministère public. Le livre de Karine Tuil est, sans nul doute, l'un des meilleurs romans de la "rentrée littéraire" de l'automne 2019 quand bien même sa lecture serait parfois déstabilisante et ébranlerait notre confiance dans les relations humaines. Quoi qu'il en soit, Karine Tuil a magistralement accompli son dessein : écrire et dépeindre "les choses humaines". Bonne lecture, Michel. Lien du blog https://fureur-de-lire.blogspot.com Notes. 1) En référence à l'affaire du viol sur le campus de l'université de Stanford (Californie), du 10 juin 2016, qui bouleversa les Etats-Unis : (Lien vers l'article de France Info), 2) Phénomène qui se produit lorsque des ondes rencontrent des obstacles ou des ouvertures qui se traduit par des perturbations dans la propagation de ces ondes ; contournement d'obstacles ou divergences à partir d'ouverture dans ces obstacles.
De nos jours à Paris. Jean FAREL, septuagénaire, célèbre journaliste politique de radio et de télévision et Claire, son épouse, essayiste et féministe engagée, forment un couple socialement et culturellement privilégié, célèbre et influant. Alexandre, leur fils, brillant étudiant à l'université de Stanforf(1), réside habituellement en Californie. L'union s'est rapidement transformée en "une vitrine de façade" (P.35) ; noceurs ou migrants en quête d'amour, les époux ne se singularisent plus par la fidélité. Ainsi, à la faveur d'un débat dans la classe d'Adam WEIZMAN, professeur de français dans une école juive, Claire s'éprend de celui-ci ; l'attirance est réciproque. Marié à une femme juive orthodoxe, Adam n'est pas préparé à laisser une situation familiale établie, délaisser ses filles, plus particulièrement l'aînée, Mila, très fragilisée depuis l'attentat perpétré dans son école quelques années plus tôt. Mais en conséquence de sa révocation d'enseignant et de sa soustraction au joug de son épouse, il se résout à se séparer. Il emménage avec Claire et Mila. Lors d'un séjour en France, Alexandre, à contrecœur, est prié, par sa mère et Adam, d'amener Mila à une soirée chez des amis. Tandis-que la musique est bruyante, la boisson abondante et la "Marie-Jeanne" enivrante, Mila accepte de suivre Alexandre à l'extérieur pour fumer. Nullement effrayée, la jeune fille consent à s'enfermer avec Alexandre dans un local insalubre dans lequel ils ont une relation sexuelle singulièrement graveleuse. Que s'est-il réellement produit, durant ces quelques minutes dans ce local à déchets, dans l'esprit d'Alexandre et de Mila ? Toujours est-il que cette dernière, quittant les lieux immédiatement après, déposera une plainte pour viol prétextant une extorsion de son consentement. C'est un séisme dans la famille FAREL exposée à une avalanche d'assauts médiatiques féroces et vengeurs. Alexandre nie vigoureusement avoir forcé Mila, mais il est arrêté, déféré et finalement incarcéré. Ses études à l'université de Stanforf sont interrompues et définitivement compromises. Au terme d'une instruction judiciaire, où chacune des parties maintient sa version, Alexandre invoque le consentement de Mila contesté résolument par celle-ci. Il comparait devant la cour d'assises pour y répondre du chef de viol avec violences. Sur leur seule intime conviction, les jurés doivent décider si Mila a consenti à cette relation ou si Alexandre la lui a imposée... "Les choses humaines" est le onzième roman de Karine TUIL, juriste de formation, paru, en 2019, aux éditions GALLIMARD. Il a été très favorablement accueilli par les lecteurs et les critiques à l'instar des précédents dont les plus notables - "l'invention de nos vie" et "l'insouciance" - ont été traduits en plusieurs langues. Karine TUIL a reçu de nombreux prix et distinctions : le Prix du Roman News (2011), pour "six mois six jour", le Prix littéraires Les Lauriers Verts (2013) pour "l'invention de nos vies" ; les insignes de chevalier de l'ordre des arts et des lettres (2014), elle y sera élevée au grade d'officier, en 2017. Nombreux de ses ouvrages ont été sélectionnés pour le Prix Goncourt. Les romans de Karine TUIL sont très souvent symboliques, pour ainsi dire métaphoriques, des réalités sociales et sociétales - à l'image, dans un autre univers, de "l'insouciance" (Gallimard, 2016). C'est au moyen d'une expression souple, accessible, intelligible, intelligente et d'un récit habile et presque linéaire que l'auteur montre, une fois encore, sa parfaite maîtrise de l'écriture. La structuration absolue et harmonieuse du roman est remarquable. Ainsi, après une présentation et le récit de différents catalyseurs ("diffraction" (2)), Karine TUIL introduit l'effet déclencheur de l'intrigue - le présumé viol ("le territoire de la violence"), puis relate enfin minutieusement le procès d'Alexandre, et ses suites, devant la cour d'assises ("rapports humains"). Estimer "les choses humaines", une fiction sociale et sociétale, d'abord à l'aune de sa forme – de son style irréprochable et de sa structuration habile - n'est pas un exercice de circonstance. le récit du crime imputé à Alexandre survient seulement à la 153ème page/342 pages. Mais à peine de ruiner l'oeuvre de ses qualités singulières, l'auteur ne pouvait faire l'économie d'une exposition préalable caractérisée. La tonalité du contexte socio-culturel, l'intelligence des personnages, les décors ou encore le paysage de l'oeuvre instruisent sur l'intrigue et accroissent la portée du roman ; Karine TUIL y réussit remarquablement sans ennuyer ni déprimer le lecteur. "La forme, c'est le fond qui remonte à la surface". le roman de Karine TUIL ne réfute pas la pensée de Victor HUGO. Quoique facile, distrayant et passionnant, le roman de Karine TUIL n'en est pas moins exigeant par ses multiples perceptions et pénétrations de la société contemporaine : la justice - bousculée par la puissance des réseaux sociaux, des médias et de "l'opinion" - la dépravation du monde politico-médiatique, les groupes ultra féministes, la condition des juifs en France, le terrorisme islamiste… Toutefois, l'intrigue oscille et progresse autour du sexe et la tentation de la déprédation: un brillant étudiant, issu d'un milieu très favorisé, est accusé du viol avec violences sur une jeune femme désavantagée par l'existence, la fille de l'amant de sa mère. L'enjeu de l'intrigue dans le roman est évident et saisissant de réalisme : montrer que les violeurs, majoritairement, se réfugient dans le déni de leur acte ; les victimes, quant à elles, sont à telle enseigne en état de sidération lors de l'agression, plus particulièrement lors d'un "viol opportuniste" (P.314), non prémédité, qu'elles n'osent aucune résistance. Karine TUIL montre précisément, ici, l'amphibie du viol et son incertitude. Car, de fait, l'on n'a aucune information, sinon la parole d'Alexandre contre celle de Mila. Cette ambiguïté est le fil conducteur du roman. La "vérité judiciaire" n'est révélée qu'à la fin du livre. Est-ce à dire que Karine TUIL, quand elle écrit le roman, nonobstant ce choix fictionnel ambigu, ne sait rien du geste de son personnage, Alexandre ? Rien n'est moins sûr : le narrateur, externe et impersonnel, auquel recourt l'auteur semble omniscient et informé de la psychologie des protagonistes. En d'autres termes, Karine TUIL, tout en réservant un suspense au lecteur, ne semble pas, en écrivant son roman, douter de l'innocence ou de la culpabilité d'Alexandre. Celui-ci et son père, Jean FAREL, ne sont pas toujours présentés à leur avantage. Claire, sa mère, pourtant féministe, lui trouve des excuses insensées ; Jean FAREL lors du procès, témoigne ainsi: "je pense qu'il serait injuste de détruire la vie d'un garçon intelligent, droit, aimant, un garçon à qui jusqu'à présent tout à réussi, pour vingt minutes d'action". (P. 281). C'est, au demeurant, un autre élément équivoque du roman et un véritable coup de maître de Karine TUIL : Alexandre, accusé de viol avec violences, inspire de la sympathie au lecteur, parfois culpabilisante, renforcée par la posture des réseaux sociaux et de l'opinion lorsque ceux-ci se pervertissent en tribunal populaire : " de quoi vous ont-ils parlé, sinon des rapports de classe, du sentiment de la honte, de l'affaire Weinstein et du mouvement MeToo ? Et le dossier? On vous cite Gisèle Halimi, d'accord, mais Alexandre dans tout ça…(P.324) "…On vous demande de condamner cet homme parce que la société le réclame au nom de la libération de la parole et d'une révolution féministe salutaire…Vous allez plier à l'injonction publique ?" (P. 325). L'auteur décrit admirablement bien et fidèlement, à l'occasion du jugement d'Alexandre devant la cour d'assises, le déroulement et les écueils d'un procès pénal : le rôle de la victime, trop souvent "déplacé", de l'accusé et de celle du représentant de la société par la voix du ministère public. Le livre de Karine Tuil est, sans nul doute, l'un des meilleurs romans de la "rentrée littéraire" de l'automne 2019 quand bien même sa lecture serait parfois déstabilisante et ébranlerait notre confiance dans les relations humaines. Quoi qu'il en soit, Karine Tuil a magistralement accompli son dessein : écrire et dépeindre "les choses humaines". Bonne lecture, Michel. Lien du blog https://fureur-de-lire.blogspot.com Notes. 1) En référence à l'affaire du viol sur le campus de l'université de Stanford (Californie), du 10 juin 2016, qui bouleversa les Etats-Unis : (Lien vers l'article de France Info), 2) Phénomène qui se produit lorsque des ondes rencontrent des obstacles ou des ouvertures qui se traduit par des perturbations dans la propagation de ces ondes ; contournement d'obstacles ou divergences à partir d'ouverture dans ces obstacles.
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