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Dans chaque mot surgit un leurre et une gloire. Expliquer la poésie est toujours chose possible. La parole figée est vieillissante, avilissante ; je la hais, elle me limite. Il n'y a pas de liberté unique dans la lecture du regard, mais distance d'Orphée à Eurydice. La vérité n'existe pas, peu à peu, j'écris dans un poème où seule l'erreur est lucide. L'aboutissement naissant est la transparence ou le cri : de cette victoire, je n'encerclerai jamais que la fuite et le mythe, la première nuit de la mort.
J'affirme que je suis pauvre, que je me trompe et que je mens ! Je pourrais être plus convaincant, l'ennui me gagnerait. La poésie n'est pas chose sérieuse mais gravité, centre de gravité ; j'y possède ce qui m'éloigne et me rapproche de vous. Pardonnez-moi de ne pas mieux vous connaître : je crois devoir vous dire que je vis, que je suis sang, os et chair dans un long corps d'homme, remue-ménage que j'apprends à saisir et que le temps dissout.
Créer est le poids du parler que je rassemble, sa volonté, ses analogies ; j'y cherche peut-être le langage où mon coeur rougit, le limon de Babel. L'autre bonheur est inutile : la mort me craint ou m'anéantit. Je témoigne, j'espère.