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Syndrome de glissement : détérioration rapide de l’état général d’une personne âgée. En choisissant Les Mouettes, une maison de retraite de la banlieue parisienne, Madame Julienne, 85 ans, espérait finir sa vie sereinement. Or, ce n’est pas le cas. Elle découvre aux Mouettes le tragique ordinaire des maisons de retraite et, malgré sa révolte et sa vitalité, elle se sent peu à peu niée, gommée, piégée.
Impuissante face à sa vieillesse et celle des autres pensionnaires, elle décide néanmoins d’entreprendre un journal, où elle consigne par le menu les détails de leur vie quotidienne qui, peu à peu, les enferment dans l’infantilisme et les privent insidieusement de toute liberté d’action ou de pensée. Cet acte d’écriture l’aide à garder l’espoir. Mais les découvertes qu’elle y fait sur elle-même et l’histoire de sa vie la perturbent profondément.
À l’heure des bilans, c’est l’obsession d’une autre vieillesse, celle d’Adélaïde, sa grand-mère tant aimée qui se fait jour. S’engage alors un bras de fer entre elle et l’administration. Julienne prendra la tête d’une fronde qui secouera un moment les pensionnaires. Mais le combat est inégal. Julienne s’épuise, se laissant aller à ce syndrome de glissement qui semblera avoir raison d’elle.
Le syndrome de glissement
« Le passé est la promenade des vieux. Une promenade immobile. Un rêve éveillé. »
« Je ne suis vieille que dans le regard des autres, pas dans le mien. »
S’il ne faut absolument pas prendre pour monnaie courante les faits rapportés dans ce roman, ce dernier a le mérite de lever un tabou, et de dénoncer des comportements qui ne devraient plus être.
Julienne est une dame âgée, tout ce qu’il y a de plus intellectuellement intacte, mais dont le caractère est bien trop fort et le désir de vivre bien trop puissant pour convenir à l’encadrement de la maison de retraite. Elle paiera très cher pour avoir usé de son droit élémentaire à la parole, à la liberté au sein de l’établissement dont elle est pensionnaire.
Comment par des brimades, incivilités répétées, mesquineries, et finalement la négation de l’humanité de chaque personne, on arrive à briser le petit souffle de vie qui reste à Julienne pour la faire rentrer dans un moule qui n’a jamais été le sien.
Julienne est dynamique et a l’esprit tourné vers l’avenir ; et c’est dans cette optique qu’elle va créer son petit groupe de parole, écrire son journal. Tout cela dérange, et Juliette aura tôt fait se faire cataloguer de gâteuse, et de se faire enfermer dans une unité spécialisée, où elle finira par se laisser aller par manque d’égard pour ce qu’elle est. Car Juliette, c’est quelqu’un. Tour cela, nous l’apprendrons par petites touches entremêlées avec le présent de plus en terne qui sera le sien aux Mouettes.
La révolte de Julienne devient la nôtre. Son humour est grinçant, caustique. L’écriture d’Elisabeth Laureau-Daull donne une once de légèreté pour un sujet lourd et grave qui a su éveiller en moi un certain nombre de chose, et surtout beaucoup m’interroger.