« Tout a commencé avec la Tsigane. » (p.11). La grand-mère de la narratrice lui assenait souvent cette phrase. « Un très vieux document conservé aux archives historiques de la bibliothèque communale Ariostea, à Ferrare » (p. 12), atteste de l’arrivée des Tsiganes, à Stellata. C’est ainsi que Giacomo Casadio, un rêveur de quarante-cinq ans qui n’avait jamais connu de fiancée, rencontra Viollca. Elle voulut lui lire son avenir, mais en observant ses mains, elle lui dit qu’il était celui qu’elle attendait depuis des années. « Quelques mois plus tard, Viollca était enceinte
et, contre la volonté des deux familles, ils se marièrent. » (p. 18). Leur fils naquit en 1800. A partir de son mariage, la jeune Tsigane ne vit plus sa famille qui s’opposait aux mariages mixtes. Elle conserva des coutumes de sa culture, mais son époux lui interdit la pratique des arts divinatoires. Elle ne ressortit ses tarots qu’après une tragédie : Giacomo s’est pendu à une poutre. Les cartes lui annoncèrent qu’une malédiction pesait sur sa famille et sur ses descendants. « La folie coulait dans les veines des Cassadio, et tôt ou tard leurs rêves impossibles les mèneraient au désastre. » (p. 40) Elle eut, également, des visions présageant des terribles évènements, mais elle ne sut pas qui serait concerné. Ses prophéties furent léguées de génération en génération. Chaque fratrie de ses descendants comptait des enfants au teint et aux cheveux clairs et des enfants au teint et aux cheveux foncés, des rêveurs et des paisibles, certains avaient des dons surnaturels. L’histoire familiale fut transmise et personne n’oublia ce que Viollca avait prédit.
« Je sais que tu ne crois pas à ces choses-là, mais tu n’as qu’à regarder ce qui s’est passé dans notre famille. D’abord Iacomo, avec ses manies, qui a fini pendu à une poutre. Ensuite Achille, il voulait jouer aux héros et c’est un miracle s’il n’est pas mort fusillé. Et ta tante Edvige ? Elle a détruit deux familles. Et ma soeur Adele, qui s’est retrouvée à l’autre bout de la planète, avec ses fantaisies d’amour, et veuve presque tout de suite. N’oublie jamais, Guido… si nous ne les contrôlons pas, les rêves finiront par nous apporter une tragédie. Et elle sera pire que tous les malheurs que nous avons déjà connus. C’est notre ancêtre, la Tsigane, qui l’a vu dans ses cartes. Elle ne se trompait jamais.» (p. 317)
Le sortilège de Stellata déroule l’histoire de la famille de Daniela Raimondi, de 1800 à 1974, qu’elle a romancée à partir des récits de ses proches. C’est également presque deux siècles de l’Histoire italienne qui sont dépeints : des combats pour l’indépendance de l’Italie, en 1847, aux attentats des années 1970, en passant par les deux guerres mondiales, etc. Une partie de la saga se passe, également, au Brésil, avec Adèle, qui a été forcée de fuir un amour impossible. Les personnages sont nombreux, aussi, j’ai apprécié le marque-page qui reprend les arbres généalogiques.
C’est passionnant de suivre le destin d’une famille sur une période si longue. Nous découvrons de quelle manière l’histoire des ancêtres a été transmise, par l’intermédiaire d’une boîte contenant des affaires de Viollca et par un avertissement répété à chaque nouvel enfant. Alors que les origines tsiganes s’effaçaient peu à peu, elles se manifestaient lors des évènements qui rappelaient la prophétie. Un tourbillon… les signes étaient surveillés, chacun se demandant quand le malheur se produirait. De plus, chacun était attentif aux personnalités rêveuses, s’inquiétait pour celui qui portait ce trait de caractère, le passé ayant prouvé que c’étaient des destinées troublées qui les attendaient. De l’amour de la patrie aux passions amoureuses, en passant par les convictions politiques ou les doux rêves, les causes des drames étaient variées et ne pouvaient être anticipées. La prédiction était dans les esprits, mais n’entravait pas les rêves et les désirs. Le bonheur ne peut être bridé, les passions ne peuvent être endormies, l’amour n’a pas de règles et la liberté ne s’arrache pas, les mains liées. Aussi, ce roman est en perpétuel mouvement. Selon le foyer et l’époque, l’ambiance est différente, avec, cependant, un point commun : l’amour familial.
J’ai adoré cette saga familiale.
L'histoire fascinante d'une famille italienne !
Ce livre se lit tout seul grâce à une belle plume fine et délicate, dont la magie enchanteresse des mots n’a d’égale que la qualité de conteuse et de poétesse de son autrice. Un gros merci aux éditions Slatkine pour ce Service-Presse et leur confiance. La couverture est à l’image de cette histoire sublime, elle invite à pousser plus loin et peut être un élément décisif pour l’acheter.
Un arbre généalogique permet de ne pas se perdre dans la multitude de membres de la famille de Daniela Raimondi mais on s’y retrouve facilement.
L’histoire des Casadio depuis l’arrivée d’une Tzigane sur fond de guerre qui ont soulevé l’Italie et l’ont fait sombrer dans une noirceur infinie.
De 1800 à 1974, Daniela Raimondi remonte le temps grâce aux récits de sa famille pour nous offrir une version romancée de son histoire familiale. On suit avec plaisir les péripéties d’une famille italienne poursuivie par une malédiction qui au fil des générations verra des rêves non réalisés, des familles brisées par la perte d’êtres chers, par les guerres ou la politique.
Passionnant de la première à la dernière page, on ressent intensément les épreuves de la vie d’une famille qui de génération en génération a vécu les épreuves de l’histoire de l’Italie.
Près de deux siècles d’histoire sont dévoilés, chaque génération assistant ou prenant part à l’histoire de l’Italie (première et seconde guerre mondiale…).
Un roman où les morts côtoient les vivants, où l’originalité de chacun en fait le charme. De belles chroniques, tranches de vie qui font revivre l’âme de l’Italie.
De même, la malédiction transmise aux descendants via une boite contenant les affaires de Viollca et l’avertissement qui leur est fait va planer au-dessus de leur tête guidant leurs destins.
Une plongée dans l’intimité d’une famille italienne modeste aux prises avec son destin et celui de l’histoire de l’Italie !
Un roman sublime et magnifiquement écrit qui fait découvrir l’authenticité de l’Italie à ses lecteurs et les envoûte, tel est le sortilège de ce roman.