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Passant en revue cinquante-et-un célèbres récits de guerre échelonnés sur trois millénaires de l'histoire de l'Occident, Louis Crocq en propose une lecture péritraumatique ; c'est-à-dire une lecture circonscrivant les traumatismes psychiques éprouvés par les auteurs au cours des combats qu'ils relatent. Il distingue, eu égard au trauma, quatre sortes de récits de guerre : 1 - Lénonciation spontanée et désordonnée du vécu de frayeur et d'horreur du combattant (Goethe, Claude Simon...) 2 - Le souvenir-témoignage, rédigé longtemps après les faits.
La mise en mots et l'ordonnancement chronologique atténuent le désordre émotionnel du vécu traumatique (Marbot, Jünger...) 3 - La transposition romanesque. L'auteur prend du recul par rapport à ses souvenirs en les attribuant à un personnage fictif - le plus souvent son alter ego - et il en profite pour délivrer son message, patriotique ou protestataire (Chevalier, Céline...) 4 - La forme poétique, poème ou épopée.
Le recours à l'écriture esthétique, avec ses rythmes et ses rimes, atténue l'horreur et la terreur attenantes au trauma (Shakespeare, Apollinaire...) Il y a peut-être une cinquième forme, qui serait la recherche d'une écriture authentique, rendant compte de l'essence même du trauma, dans sa collusion avec la mort (Genevoix, Semprun).
