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Dans la Spéculation transcendante sur l'intentionnalité apparente dans le destin de l'individu, essai des Parerga et Paralipomena (1851), Schopenhauer risque l'hypothèse d'un sens métaphysique de la vie de l'individu dont le destin singulier serait conduit par la volonté, une, jusqu'au renoncement libérateur. L'idée que l'individu ne serait pas né d'une rencontre fortuite, qu'il aurait été voulu comme tel, y prend un relief remarquable : elle répond à la préoccupation première, secrète, inlassable de chacun.
Elle inspira au jeune Nietzsche son zèle pour le génie prédestiné. Magnifions donc l'importance de l'individu chez Schopenhauer, et même celle du temps, car la volonté dirige l'individu à son insu, à travers bien des misères jusqu'à ce qu'il la reconnaisse à l'heure de la mort, avec la même ruse que la raison hégélienne. De l'éthique, chapitre des Parerga et Paralipomena, donne un interprétation morale du sens de l'existence.
A l'heure de la mort, l'abnégation de soi-même en faveur d'un autre atteste, dans l'expérience, l'unité transcendante et indestructible de la volonté. Nous ne finirons pas, et Schopenhauer loue les religions orientales d'avoir soutenu que nous n'avons pas commencé. Mais la dette originelle, issue du judéo-christianisme refoulé, revient agrandie selon une dimension colossale qui fait de la vie l'expiation d'un crime et de la mort son ultime rachat, selon une logique qui reste prisonnière de l'échange, du passé...
en un mot, de l'instinct de conservation, comme le souligna Nietzsche. La lecture de ces pages illustres qui stigmatisaient par avance l'"Antéchrist" et "la perversité de la pensée" (cf. L'Origine de la tragédie § 5) alimenta sa révolte. Si, dans le premier essai, Schopenhauer cherche un destin qui convienne à chacun, dans le second, en revanche, il tend à nous enfermer dans le mal de tous.