Juger si l’expression « les liens du sang » se vérifie, cela n’a pas été permis à A.M. Homes. Adoptée quand elle n’était qu’un bébé, ce n’est qu’à 31 ans qu’elle apprend de la bouche de ses parents adoptifs que sa mère biologique cherche à la contacter.
Commence alors un jeu du chat et de la souris entre l’auteur et les fantômes de son passé qui surgissent. Elle apprend qu’elle est issue d’une liaison entre une jeune femme de vingt-deux ans et son employeur, un homme plus âgé qu’elle, marié et déjà père de famille. Par coïncidence ou intérêt, ses
deux géniteurs rentrent en contact avec A. M. Homes alors qu’elle cueille les premiers fruits de son succès littéraire.
J’ai dû lire ce livre au mauvais moment, je ne sais pas comment ni pourquoi, mais je n’ai pas accroché. Je n’avais qu’une idée, en finir avec cette histoire qui me mettait mal-à-l’aise, peut-être parce que l’auteur semble toujours en recherche, pas encore en accord avec qui elle est vraiment, déchirée entre ses parents biologiques et adoptifs. Elle fait des recherches généalogiques, mais elle tombe dans le puits sans fin des sites internet, des formulaires, des fausses pistes et des fausses victoires. Elle imagine ce que le passé a pu être, trompant le lecteur et le menant lui aussi sur de fausses pistes.
En lisant cette autobiographie, on en vient à se demander si l’imagination et la fiction ne sont pas pour A. M. Homes des moyens pour pallier les manques d’histoire familiale, recréant, dans Le sens de la famille, une fresque familiale. J’ai trouvé l’écriture plutôt froide, rigide, et qu’elle manquait de spontanéité. On a du mal à accéder aux sentiments de l’auteur, comme si elle s’était forgé une carapace impossible à détruire. Il y a donc toujours une distance insurmontable entre l’auteur et le lecteur, tout comme entre elle et ses proches.
Traumatisée au plus profond d’elle-même par l’abandon dont elle a été victime, elle se remet sans cesse en question.
L’autobiographie devient alors une quête identitaire, qui pose la question des héritages sociaux et biologiques. Voulant à la fois ne pas ressembler à sa mère biologique et rechercher les ressemblances de famille, elle se contredit. Elle ne sait pas vraiment qui elle est : la fille de la maîtresse ? une enfant de l’amour ? une substitution au fils de ses parents adoptifs mort six mois avant sa naissance ? Il y a là de quoi être perturbé.
Heureusement elle trouve refuge dans l’écriture, un élément stable au milieu de ses conflits intérieurs, et peut-être, en définitive, sa seule famille. La fin du livre vient éclaircir toutes ces noirceurs, quand A. M. Homes donne un sens au mot famille, tant comme signification que comme direction, tournée avant tout vers l’avenir.
Le sens du mot famille
Juger si l’expression « les liens du sang » se vérifie, cela n’a pas été permis à A.M. Homes. Adoptée quand elle n’était qu’un bébé, ce n’est qu’à 31 ans qu’elle apprend de la bouche de ses parents adoptifs que sa mère biologique cherche à la contacter.
Commence alors un jeu du chat et de la souris entre l’auteur et les fantômes de son passé qui surgissent. Elle apprend qu’elle est issue d’une liaison entre une jeune femme de vingt-deux ans et son employeur, un homme plus âgé qu’elle, marié et déjà père de famille. Par coïncidence ou intérêt, ses deux géniteurs rentrent en contact avec A. M. Homes alors qu’elle cueille les premiers fruits de son succès littéraire.
J’ai dû lire ce livre au mauvais moment, je ne sais pas comment ni pourquoi, mais je n’ai pas accroché. Je n’avais qu’une idée, en finir avec cette histoire qui me mettait mal-à-l’aise, peut-être parce que l’auteur semble toujours en recherche, pas encore en accord avec qui elle est vraiment, déchirée entre ses parents biologiques et adoptifs. Elle fait des recherches généalogiques, mais elle tombe dans le puits sans fin des sites internet, des formulaires, des fausses pistes et des fausses victoires. Elle imagine ce que le passé a pu être, trompant le lecteur et le menant lui aussi sur de fausses pistes.
En lisant cette autobiographie, on en vient à se demander si l’imagination et la fiction ne sont pas pour A. M. Homes des moyens pour pallier les manques d’histoire familiale, recréant, dans Le sens de la famille, une fresque familiale. J’ai trouvé l’écriture plutôt froide, rigide, et qu’elle manquait de spontanéité. On a du mal à accéder aux sentiments de l’auteur, comme si elle s’était forgé une carapace impossible à détruire. Il y a donc toujours une distance insurmontable entre l’auteur et le lecteur, tout comme entre elle et ses proches.
Traumatisée au plus profond d’elle-même par l’abandon dont elle a été victime, elle se remet sans cesse en question.
L’autobiographie devient alors une quête identitaire, qui pose la question des héritages sociaux et biologiques. Voulant à la fois ne pas ressembler à sa mère biologique et rechercher les ressemblances de famille, elle se contredit. Elle ne sait pas vraiment qui elle est : la fille de la maîtresse ? une enfant de l’amour ? une substitution au fils de ses parents adoptifs mort six mois avant sa naissance ? Il y a là de quoi être perturbé.
Heureusement elle trouve refuge dans l’écriture, un élément stable au milieu de ses conflits intérieurs, et peut-être, en définitive, sa seule famille. La fin du livre vient éclaircir toutes ces noirceurs, quand A. M. Homes donne un sens au mot famille, tant comme signification que comme direction, tournée avant tout vers l’avenir.