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Rien n'est plus étranger au personnage de Julien Sorel que la sérénité des vainqueurs. Alors que Napoléon, son modèle, est à jamais défait, Sorel est condamné à grandir dans une famille mesquine, à vivre dans une province trop étroite. Le fracas des fusils a laissé place au bruit lancinant de la scierie familiale : soldat privé de bataille, il ne lui reste que le coeur des femmes à faire saigner. Premier de ses amours, dernière de ses victimes : Mme de Rênal, jeune femme mélancolique, tombée amoureuse de Julien, devenu précepteur de ses enfants.
Il la retrouvera dans le claquement des pistolets. Arrivé à Paris il séduit Mathilde de la Mole, jeune et fougueuse aristocrate, non pour sa fortune mais par défi, pour subjuguer la fierté qu'il croit lire dans ses yeux. Pour Sorel c'est là tout l'amour : un combat enraciné dans l'hostilité d'un échange de regards. Ayant pour origine un fait divers sanglant, Le Rouge et le Noir y puise une singularité tranchante.
Loin d'une fresque abstraite, le roman a tout d'un corps rouge du sang qui s'y écoule, noir de la poudre qui y brûle.
Un grand roman, à lire passé 30-35 ans pour l'apprécier à sa juste valeur
Stendhal ne décrit pas l'action avec de grandes descriptions, ce qui l'intéresse c'est l'émotions qu'elle produit à ces personnages. Pour comprendre vraiment ce livre, il faut avoir plus de 30 ans. On prend de la distance (grâce à notre expérience...) et on voit, les fils qui actionnent la marionnette Julien Sorrel, ce qui le motive, en quoi il est le fruit de son éducation et de la société dans laquelle il vit, ce dont il est responsable et ce qu'il subit, au lieu de le juger (comme on a tendance à le faire lorsqu'on le lit dans la petite 20taine).