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L'objet de ce livre est de mettre la création balzacienne en rapport avec une interrogation du romancier sur la beauté : il en invente les aspects les plus modernes, mêlés d'excès, de bizarrerie, de mystère, sans être infidèle à la tradition rhétorique et esthétique du beau, du sublime, et même de la grâce. Le paradoxe de La Comédie humaine est que le souci de la beauté s'inscrit dans le dessein de représenter la totalité de l'univers social où dominent, avec la médiocrité, la laideur, voire l'horreur.
Une lecture sociologique seule ne rendrait pas compte de ce paradoxe, pas plus qu'une étude exclusive de l'imaginaire et des formes, dans la mesure où la beauté naît, ici, de la rencontre du fait et de l'idée dans l'image. Balzac met ainsi en oeuvre un réalisme total dans lequel la beauté coïncide avec la vérité et avec l'amour parce qu'il tient ensemble réel et imaginaire, réel et idée, réel et idéal.
Par-delà les apories du Nouveau Roman, Balzac réconcilie l'objectif et le subjectif ; comme Borges, il inscrit la totalité du réel et de ses possibles dans le "miroir concentrique" de sa création.