« Ils ont décidé que le pays natal n’est pas la terre. Que la géographie est une affaire personnelle très relative. Parfois fortuite, dérisoire et même éphémère.
Puisqu’ils l’ont emporté avec eux, leur pays natal » (Hoda Barakat)
« Mon pays natal : celui dont le nom est destiné à figurer, jusqu’à la fin de mes jours, dans la case appropriée de mes papiers d’identité ; celui qui pourra longtemps encore, aux yeux de ceux qui n’aiment pas s’embarrasser de subtilités dans leurs relations avec autrui, suffire à me définir. » (Marcel Benamou)
« Le pays natal
n’existe que l’orsqu’on la quitté. C’est depuis l’exil ou l’ailleurs qu’il émerge et devient cette reconstruction souvent nostalgique, ce phare dans le rétroviseur ; il prend son vrai sens depuis le lointain. Le pays natal est une absence. (Ida Kummer)
« Le pays natal est celui que l’on quitte.
Il est celui qui manque toujours, dont on a toujours la nostalgie.
Le pays natal n’existe pas, il est une construction imaginaire, toujours absent toujours manquant, comme le corps de la mère.
Le pays natal est celui avec lequel on manipule les peuples, on exacerbe leur haine, leur passion exclusive pour un leurre. » (Rosie Pinhas-Delpuech)
« Va-t’en pour toi, de ton pays, de la terre de ta naissance, de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai (Genèse, 12, 1)
Dans ce verset laconique –la parole de Dieu est d’une économie terrifiante- réside la définition du pays natal et sa fonction dans une vie humaine. » (Rosie Pinhas-Delpuech)
C’est une bien curieuse relation que l’on a avec son pays natal. Si on ne le quitte pas, ce n’est « que » votre pays, là où vous vivez, là où les racines se nourrissent de votre vie et vous nourrissent. Par contre, si vous quittez ce pays, que ce soit de plein gré ou par obligation, voire pire, cela devient votre pays natal, chargé de toutes les rancœurs, de tout l’amour, de tous les rêves, de vos colères. Combien de fâcheries, combien d’exils obligés. On tombe du nid et il faut se reconstruire, Alors, vite l’on se met au chaud auprès de ses frères d’exil pour retrouver les odeurs, la cuisine, les mots, le Pays, mais c’est beaucoup plus fade. Vous partez enfant en bas âge, dans le ventre de votre mère ? Ce seront les paroles des adultes, des plus grands qui vous donneront la nostalgie de ce que vous n’avez pas connu.
Le pays natal est aussi et souvent LA maison natale, celle qui a vu notre plus tendre enfance, celle où nos parents ont vécu. De retour au pays natal, on voudrait que rien n’ait changé. « En 1998, à Alexandrie, j’ai subi un terrible choc ! ma maison était détruite ! » (Paul Balta)
De cette maison, Hoda Barakat dit : « C’est la maison suspendue. Au loin. Celle que je visite toutes les nuits, et dont je n’arrive pas à éteindre la petite lumière… »
« Nous n’y demeurons c’est elle qui nous habite et ne nous quitte que dans le vide de la mort (Kamel Ben Hameda)
Les dix-sept auteurs réunis par Leïla Sebbar dans ce livre son remplis de cet amour-haine. Le désir ou le refus de retourner « là-bas » ne sont pas anodins. L’apaisement, la tiédeur ne sont jamais présents dans ces récits. Les textes sont beaux évoquant qui la nostalgie, qui la haine, qui le ressentiment, qui l’orgueil, qui la colère.
Une mention spéciale pour le texte de Mohamed Kacimi : Bled Mikki – Lexique des idées reçues en Algérie. Un abécédaire virulent, un humour caustique qui cache bien mal son âme.
« Armée – Selon un adage populaire, « tous les pays du monde ont une armée mais en Algérie, l’armée a un pays ».
« Ben Laden – Personnage fictif inventé par les Américains. »
Je pourrais vous citer toutes les pages mais je vous propose plutôt de lire ce livre, non pas en une seule fois, non, prenez le temps, dégustez chaque chapitre, reprenez une petite tasse de ces mots.
Un livre empli de poésie, tendresse, haine….. Un livre de qualité, un papier raffiné, comme toujours chez Elyzad.
J’aurais pu mettre beaucoup d’extraits tant ce livre est beau, tant les écrits sont, certaines fois, poignants.
Leur pays natal
« Ils ont décidé que le pays natal n’est pas la terre. Que la géographie est une affaire personnelle très relative. Parfois fortuite, dérisoire et même éphémère.
Puisqu’ils l’ont emporté avec eux, leur pays natal » (Hoda Barakat)
« Mon pays natal : celui dont le nom est destiné à figurer, jusqu’à la fin de mes jours, dans la case appropriée de mes papiers d’identité ; celui qui pourra longtemps encore, aux yeux de ceux qui n’aiment pas s’embarrasser de subtilités dans leurs relations avec autrui, suffire à me définir. » (Marcel Benamou)
« Le pays natal n’existe que l’orsqu’on la quitté. C’est depuis l’exil ou l’ailleurs qu’il émerge et devient cette reconstruction souvent nostalgique, ce phare dans le rétroviseur ; il prend son vrai sens depuis le lointain. Le pays natal est une absence. (Ida Kummer)
« Le pays natal est celui que l’on quitte.
Il est celui qui manque toujours, dont on a toujours la nostalgie.
Le pays natal n’existe pas, il est une construction imaginaire, toujours absent toujours manquant, comme le corps de la mère.
Le pays natal est celui avec lequel on manipule les peuples, on exacerbe leur haine, leur passion exclusive pour un leurre. » (Rosie Pinhas-Delpuech)
« Va-t’en pour toi, de ton pays, de la terre de ta naissance, de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai (Genèse, 12, 1)
Dans ce verset laconique –la parole de Dieu est d’une économie terrifiante- réside la définition du pays natal et sa fonction dans une vie humaine. » (Rosie Pinhas-Delpuech)
C’est une bien curieuse relation que l’on a avec son pays natal. Si on ne le quitte pas, ce n’est « que » votre pays, là où vous vivez, là où les racines se nourrissent de votre vie et vous nourrissent. Par contre, si vous quittez ce pays, que ce soit de plein gré ou par obligation, voire pire, cela devient votre pays natal, chargé de toutes les rancœurs, de tout l’amour, de tous les rêves, de vos colères. Combien de fâcheries, combien d’exils obligés. On tombe du nid et il faut se reconstruire, Alors, vite l’on se met au chaud auprès de ses frères d’exil pour retrouver les odeurs, la cuisine, les mots, le Pays, mais c’est beaucoup plus fade. Vous partez enfant en bas âge, dans le ventre de votre mère ? Ce seront les paroles des adultes, des plus grands qui vous donneront la nostalgie de ce que vous n’avez pas connu.
Le pays natal est aussi et souvent LA maison natale, celle qui a vu notre plus tendre enfance, celle où nos parents ont vécu. De retour au pays natal, on voudrait que rien n’ait changé. « En 1998, à Alexandrie, j’ai subi un terrible choc ! ma maison était détruite ! » (Paul Balta)
De cette maison, Hoda Barakat dit : « C’est la maison suspendue. Au loin. Celle que je visite toutes les nuits, et dont je n’arrive pas à éteindre la petite lumière… »
« Nous n’y demeurons c’est elle qui nous habite et ne nous quitte que dans le vide de la mort (Kamel Ben Hameda)
Les dix-sept auteurs réunis par Leïla Sebbar dans ce livre son remplis de cet amour-haine. Le désir ou le refus de retourner « là-bas » ne sont pas anodins. L’apaisement, la tiédeur ne sont jamais présents dans ces récits. Les textes sont beaux évoquant qui la nostalgie, qui la haine, qui le ressentiment, qui l’orgueil, qui la colère.
Une mention spéciale pour le texte de Mohamed Kacimi : Bled Mikki – Lexique des idées reçues en Algérie. Un abécédaire virulent, un humour caustique qui cache bien mal son âme.
« Armée – Selon un adage populaire, « tous les pays du monde ont une armée mais en Algérie, l’armée a un pays ».
« Ben Laden – Personnage fictif inventé par les Américains. »
Je pourrais vous citer toutes les pages mais je vous propose plutôt de lire ce livre, non pas en une seule fois, non, prenez le temps, dégustez chaque chapitre, reprenez une petite tasse de ces mots.
Un livre empli de poésie, tendresse, haine….. Un livre de qualité, un papier raffiné, comme toujours chez Elyzad.
J’aurais pu mettre beaucoup d’extraits tant ce livre est beau, tant les écrits sont, certaines fois, poignants.