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Les images et les réputations s'entrecroisent et il reste de Flaubert cent vingt ans après sa mort un écrivain à l'existence bourgeoise qui détesterait les bourgeois, un homme dont l'œuvre et surtout la correspondance ne cessent de dire les contradictions, résultats d'une quête d'identité et d'un malaise provoqués par la société. Au fond, Flaubert a peut-être été fasciné par cela même qu'il redoutait : le suicide par exemple et toutes sortes de pratiques, de mode de vie originaux, différents mais surtout, en politique notamment, dans le rapport à la société plus généralement, un certain goût, plus ou moins implicite, pour le nihilisme.
Flaubert nihiliste ? L'Education sentimentale ne cesse de dire son goût pour un romantisme du désespoir et du lamento, une sorte de complaisance pour toutes les influences pessimistes, une attirance, si peu souvent teintée de répulsion, pour toutes les formes de l'échec : politique, amoureux, humain. Parce que L'Education sentimentale clame la misanthropie de Flaubert, son rejet de l'espoir et de l'illusion, cette conviction bien enracinée selon laquelle plus rien ne vaut.
Pas même de crier sur tous les toits que la mort est préférable à la vie parce que Flaubert ne le croit pas ! Un Flaubert revenu de tout, voilà ce que cherche à démontrer Le nihilisme de Flaubert, alors même que l'écrivain à ce moment-là nous apparaît plus engagé que jamais dans une dénonciation générale de l'existence, par-delà la sienne et celle de ses personnages qui ne sont jamais que la représentation réaliste de sa génération.