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Le nouveau venu est timide. Ses voisins pourtant le prennent en grippe et, sans motifs apparents. s'acharnent sans qu'il ne puisse jamais les voir. Des rideaux s'écartent, on cogne à sa porte. les injures volent derrière les murs. Le propriétaire lui-même fait état de plaintes et le moindre bruit domestique déclenche l'hystérie. Folie de l'immeuble ? Paranoïa ? Les scènes effarantes vues dans la cour intérieure existent-elles réellement ? L'ancienne locataire.
elle. c'est une certitude, a essayé d'en finir en se jetant par une fenêtre... Dans ce roman où le quotidien alimente le cauchemar, l'auteur dépeint un monde étouffant où le grotesque côtoie le drame. La description faite du piège, réel ou non, destiné à conduire un homme à sa perte convie à une vision "panique" de l'univers.
« Que devaient penser les voisins ! »
Connaissez-vous vos voisins ? Ont-ils déjà frappé à votre porte ou au plafond parce que vous faisiez trop de bruit ? Trelkovsky, qui vient d’emménager dans un petit appartement payé au prix fort, sans cuisine ni salle de bains, vient d’être prévenu par le proprio : pas de bruit, pas de fête, pas d’enfant, pas d’animal. Trelkovsky n’a pas eu le choix, il vient d’être mis à la rue et ne peut qu’accepter toutes les conditions.
Il a quand même fêté sa crémaillère, pas plus de cinq ou six personnes, mais grand mal lui a pris ! Le voilà pris de toutes parts par les coups de balais, les cris à la porte et les regards de travers. Sa nouvelle vie va devenir un enfer. Les premiers jours, il fait état de quelques bizarreries, mais au fur et à mesure que le temps passe, il observe carrément des phénomènes étranges dans son immeuble. Les premiers avertissements se sont transformés en menaces, puis en tyrannie du silence. Trelkovsky rase les murs et n’écoute plus la radio ; il se contente de lire, éteint la lumière à 10 heures du soir et glisse ses pieds dans des pantoufles silencieuses. Peu à peu, il s’efface, s’efface, jusqu’à devenir invisible.
[...]
Délirant, grotesque, violent, cauchemardesque, jubilatoire ! Le Locataire chimérique frappe par son réalisme, en apparence un locataire discret dans un immeuble banal, sous lequel se cache l’absurdité et l’horreur. Très vite, on devient Trelkovsky, on devient le martyr de ses infâmes voisins. Si le roman paraît loufoque, il est terrifiant parce qu’il dit quelque chose en dessous : il parle de nos pulsions, meurtrières et scatologiques, il parle de l’indifférence, de la mort invisible.
Le Locataire chimérique est à l’image de l’œuvre de son auteur, fascinante et dérangeante à la fois. D’abord fascinante parce qu’elle est esthétique, et dérangeante parce qu’elle est terriblement transparente : elle est humaine, dans ses contradictions et ses horreurs. Roland Topor fait partie de ces artistes qui savent s’exprimer à travers un art limpide et accessible à tous ; nul besoin de médiateur pour comprendre et ressentir son œuvre. Roland Topor, volontiers provocateur, a peut-être été là où il ne fallait pas, en tout cas, son œuvre est passée à la trappe. Il est toujours temps, notamment grâce au travail de Buchet-Chastel et de Phébus, de découvrir au moins ses textes.
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