Le livre blanc des travailleurs immigrés des foyers - Du non-droit au droit

Dans les années 1994-1996, le statu quo qui prévalait depuis quinze ans sur les foyers de travailleurs immigrés est rompu. Aux foyers se substitue un nouveau produit : les Résidences sociales. En avril 1996, sous l'impulsion du Premier ministre Alain Juppé, paraissent trois rapports sur différents aspects de l'immigration : le rapport Sauvaigo-Philibert sur L'immigration clandestine et le séjour irrégulier d'étrangers en France ; le rapport de Courson sur Le travail clandestin et le rapport Cuq sur La situation et le devenir des foyers de travailleurs immigrés. Si ces trois documents expriment dans un tir groupé l'hostilité anti-immigrés bien marquée de la droite française, le dernier jette sur les foyers de travailleurs immigrés un éclairage particulièrement défavorable, tout spécialement sur les foyers de travailleurs africains noirs. De nombreuses associations, des syndicats, des personnalités, des partis, voire des gestionnaires, ont protesté. C'est dans ce contexte, au vu des analyses, des conclusions, de la méthode et de l'esprit du rapport Cuq que le COllectif Pour l'Avenir des Foyers (COPAF) est né. Ainsi s'est concrétisée l'idée de ce livre blanc. B s'agissait pour le COPAF de replacer l'existence et l'avenir des foyers de travailleurs immigrés dans une perspective historique retraçant les origines de l'immigration et des foyers, les luttes ouvrières dans les usines et dans les foyers pour l'égalité des droits. Nous voulions aussi apporter des témoignages sur la vie concrète des travailleurs immigrés de ces foyers, leurs aspirations, leurs combats et attentes. En annexant trois interviews à la fin de cet ouvrage, nous avons tenu à souligner toute la richesse de cette histoire, toute la complexité des processus décrits et la formidable adhésion de leurs auteurs aux valeurs universelles. Travaillant de la sorte, nous entendons également rejoindre des questions de fond posées par la pratique d'un droit inégalitaire dit " commun ", dont la perversion asservit des hommes que l'on a décidé au préalable de rejeter parce qu'ils ne sont pas " à notre image " ou parce qu'ils ne sont plus suffisamment facteurs de profits dans les nouveaux circuits économiques.