Biographie de Jean-Claude Carrière
Je suis né dans un petit village du Midi de la France, où on ne savait rien du reste du monde. Très vite, j'ai découvert qu'écouter des histoires, ou en lire, était notre seule manière de voyager. Quand le moment est venu, plus tard, j'ai pris le relais. A mon tour, j'ai commencé à raconter des histoires, en utilisant tous les moyens qui se présentaient : le livre, le théâtre, le cinéma, la télévision, le disque.
Et je n'ai jamais arrêté. Tous les matins je me réveille en me demandant : qu'est-ce que je vais raconter aujourd'hui ? Si la journée se passe sans que je trouve, le soir, j'ai du mal à m'endormir. Jean-Claude Carrière - Représenter la vérité est un bien grand défi. Je suis né à Bruxelles en 1985, et lorsque, enfant, j'y dessinais, je n'y pensais même pas, je dessinais un rond pour un nez, parce qu'il me faisait rire ou parce que c'était l'idée que j'avais d'un nez.
En grandissant, j'ai découvert le pouvoir de l'oeil, et je me suis mis à observer les nez pour les dessiner. Cette obsession de la justesse m'a poursuivi toute mon adolescence, jusque dans les marges de mes cahiers d'école où fleurissaient des nez plus ou moins anatomiques... Finalement, cette quête m'a conduit aux portes de l'Ecole de recherche graphique de Bruxelles (ERG). Rapidement, j'ai compris qu'on ne m'y apprendrait pas à dessiner, que tout au plus on me montrerait des voies à explorer.
A force de recherches et de sueur il m'est apparu que vouloir dessiner plus vrai que nature était une aberration et que la force d'une image résidait dans l'équilibre fragile entre la justesse de ses formes et son décalage au réel. Alors, je me suis mis à dessiner des nez à la fois ronds et à la fois justes. Peut-être sont-ils plus vrai depuis que j'ai quitté l'idée qu'ils le soient, en tout cas je les crois plus sincères.
J'ai laissé Bruxelles pour Paris, où je travaille désormais en tant qu'illustrateur pour la jeunesse et la presse. J'y poursuis ma petite quête de vérité personnelle, et je cherche toujours son visage tout en sachant qu'il n'existe pas. Nicolas Zouliamis