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Un matin, des soldats allemands comme je n'en avais jamais vu ont défilé en silence devant la grille du pensionnat. Ils avaient le visage peint et des regards tout creux sous leur casque. On s'est tous accrochés à la grille pour les regarder passer et examiner leurs fusils et les drôles de boîtes en fer cylindriques, cannelées pendues à leur ceinturon. Ils avaient le même air triste que ces hommes qui défilent dans mes rêves et me fixent comme s'ils attendaient quelque chose de moi.
Des voitures découvertes avec des officiers en casquette les suivaient au ralenti. Puis la route a été vide, et de l'autre côté, sur le talus, un vieux paysan appuyé sur sa canne a hoché la tête en nous regardant. Le mouvement de sa tête était comme une évidence que la mort était là, une mort qui rampait sur le goudron derrière les soldats allemands.