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" Pour parler du bagne, il ne suffit pas d'être passé devant, il faut être allé dedans ", dit un bagnard anarchiste à l'intention de curieux venus visiter des lions en cage et rencontrant des bêtes de somme. Un témoin doit guider l'historien. L'ambition sera de faire avouer le bagne en donnant la parole à ses victimes. " Arracher ce brin d'herbe ?... on a vingt ans pour le faire ! ", observait justement l'une d'elles.
Le bagne est une épreuve où distance et durée s'ajoutent, aux termes de la loi. Des règlements, donc, mais aussi des combines ; un endroit, mais aussi son envers ; un vécu de la privation par-dessus tout. Privation de liberté. Privation d'humanité. Trois impératifs : éloigner, punir et peupler, voire idéalement régénérer des coupables en les faisant servir à ce qu'il est convenu d'appeler " colonisation pénale ".
En presque un siècle, une intolérance accrue de la société pour ses délinquants pousse en Guyane et vers la Nouvelle-Calédonie cent mille individus piégés par le non-retour, une fois purgée leur peine. Eliminés par la maladie, par la violence et par les travaux forcés, peu de condamnés survécurent à la " Guillotine sèche ", à moins de s'évader...