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" Il faut donner à son discours le tour libre des conversations ", écrivait un contemporain de Louis XIV : comme genre littéraire, le conte merveilleux prit naissance en un temps où écrire comme on parle était la règle et où lire à voix haute était pratique courante. Ecrire des contes de fées, ce fut imposer des fictions de voix enchantées à une culture romanesque férue de vraisemblance, adapter à la mondanité les rituels de parole du conte oriental, mais aussi partager avec l'opéra le champ du merveilleux et engager un dialogue fécond avec le théâtre : ainsi ceux qu'on appelait alors les Modernes inventaient-ils un art d'énoncer l'étrangeté du monde et des êtres en simulant des voix de jadis ou d'ailleurs.
Notre époque où l'oralité est à la mode et où revivent les pratiques conteuses, nous invite à envisager ces questions en considérant les intentions esthétiques de ces œuvres littéraires que furent les contes merveilleux des XVIIe et XVIIIe siècles.