Dès les premières pages de ce livre j'ai été emporté dans une narration à deux voix époustouflante par la puissance de l'écriture de Joseph Boyden dont c'est le premier roman et par le souffle romanesque de l'Histoire .
Celle de la guerre 14-18 racontée par Xavier Bird, un indien Cree qui a été enrôlé dans les troupes canadiennes et celle de sa tante Niska qui a toujours refusé de vivre parquée dans une réserve.
Profondément meurtri dans sa chair et dans son âme, en proie aux nombreux fantômes qui le poursuivent, ceux de ses frères d'armes qui sont tombés à ses cotés
et celui de Elijah son ami, ceux des ennemis qu'il a tués avec Elijah, chasseurs d'élite de "boches", Xavier rentre pour mourir sur ses terres ancestrales, il n'est plus un être humain.
Et puis en parallèle, le combat de la vieille Niska pour le faire vivre en lui racontant son enfance à elle, les histoires de son clan, comment elle est devenue chasseuse de Windigo et l'histoire de l'enfance de Xavier et Elijah.
L'évocation de la guerre des tranchées pourtant maintes fois décrites, l'évolution des relations entre les deux amis m'ont totalement subjuguée, c'est terrible et beau à la fois.
Le vécu des Indiens Cree face à la conquête du Canada par les Blancs, est également un combat , plus sournois , moins sanglant mais qui laisse des blessures profondes.
C'est vraiment un roman magnifique .
Un Amérindien plongé dans le cauchemar de la Grande Guerre
Un roman d'une puissance rare et d'une tristesse infinie.
Un roman d'amour aussi. L'amour d'une vieille indienne qui lutte avec ses armes, les armes de son peuple, face à des maux d'un temps nouveau. Que peut bien Gitchi Manitou face au souffle de l'obus de 75 qui brise l'âme en mille et un éclats de verre ? Quel bienfait la tente à sudation peut-elle apporter à celui qui se réchauffe au feu brûlant de la morphine qui court dans les veines et emporte l'esprit ?
Il en est revenu ; mais Xavier a-t-il vraiment survécu à l'enfer des Wemistikoshiw ?