Le Char de nuages. Erémitisme et randonnées célestes chez Wu Yun, taoïste du VIIIe siècle

Par : Olivier Boutonnet
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  • Nombre de pages314
  • PrésentationBroché
  • FormatGrand Format
  • Poids0.504 kg
  • Dimensions16,5 cm × 23,0 cm × 2,4 cm
  • ISBN978-2-251-45186-2
  • EAN9782251451862
  • Date de parution10/09/2021
  • CollectionLes Belles Lettres/essais
  • ÉditeurBelles Lettres

Résumé

Le Char de nuages présente la vie et l'oeuvre de Wu Yun (ca. 715-778), une figure emblématique du taoïsme des Tang (618-907). Si une grande partie de sa production littéraire a aujourd'hui disparu, vraisemblablement sous la pression du clergé bouddhique à l'époque mongole, les textes qui ont survécu éclairent sous un nouveau jour notre compréhension des religiosités lettrées de la Chine médiévale.
Cet essai s'articule autour de deux axes. D'une part, l'étude du phénomène érémitique dont on pensait jusqu'alors qu'il avait été définitivement théorisé à l'orée du IVe siècle. Or Wu Yun révèle l'existence d'une troisième voie largement empruntée à son époque ; celle-ci conjugue l'intelligence de circonstance et l'accord avec la nature intime de l'être. Ses textes en sont les développements les plus aboutis.
D'autre part, l'analyse des "randonnées célestes" de l'auteur qui nous sont parvenues en intégralité. Wu Yun est le seul lettré taoïste de la Chine médiévale dont on peut mettre en perspective les traités, à vocation didactique, et les poèmes. Cette étude en miroir permet de reconstituer une fonction oubliée de la poésie sidérale, un deuxième niveau de lecture à vocation spirituelle. On s'aperçoit alors que ces écrits ne relevaient pas simplement d'un jeu stylistique et littéraire, ce que l'on considérait jusqu'à présent, mais qu'ils constituaient avant tout de véritables supports de méditation réservés à l'initié.
Il s'agissait de pratiques visionnaires, héritées d'une tradition ancienne, destinées à transformer la corporéité de l'adepte par la médiation de l'image intérieure. Ce dernier apprenait ainsi à "marcher dans le Vide" .
Le Char de nuages présente la vie et l'oeuvre de Wu Yun (ca. 715-778), une figure emblématique du taoïsme des Tang (618-907). Si une grande partie de sa production littéraire a aujourd'hui disparu, vraisemblablement sous la pression du clergé bouddhique à l'époque mongole, les textes qui ont survécu éclairent sous un nouveau jour notre compréhension des religiosités lettrées de la Chine médiévale.
Cet essai s'articule autour de deux axes. D'une part, l'étude du phénomène érémitique dont on pensait jusqu'alors qu'il avait été définitivement théorisé à l'orée du IVe siècle. Or Wu Yun révèle l'existence d'une troisième voie largement empruntée à son époque ; celle-ci conjugue l'intelligence de circonstance et l'accord avec la nature intime de l'être. Ses textes en sont les développements les plus aboutis.
D'autre part, l'analyse des "randonnées célestes" de l'auteur qui nous sont parvenues en intégralité. Wu Yun est le seul lettré taoïste de la Chine médiévale dont on peut mettre en perspective les traités, à vocation didactique, et les poèmes. Cette étude en miroir permet de reconstituer une fonction oubliée de la poésie sidérale, un deuxième niveau de lecture à vocation spirituelle. On s'aperçoit alors que ces écrits ne relevaient pas simplement d'un jeu stylistique et littéraire, ce que l'on considérait jusqu'à présent, mais qu'ils constituaient avant tout de véritables supports de méditation réservés à l'initié.
Il s'agissait de pratiques visionnaires, héritées d'une tradition ancienne, destinées à transformer la corporéité de l'adepte par la médiation de l'image intérieure. Ce dernier apprenait ainsi à "marcher dans le Vide" .

Avis des lecteurs
Commentaires laissés par nos lecteurs

5/5
sur 2 notes dont 1 avis lecteur
Entrer en politique ou au monastère : vous hésitez ?
Il en va des livres comme des hommes. Très vite, on sait à quoi s'en tenir. Pour le meilleur, le livre d'Olivier Boutonnet est de ceux-là. Aussi est-il de ces productions rares que l'on a soin de garder à portée de la main. Un ouvrage érudit qui parle d'antique poésie chinoise, quelle gageure, pourtant, par les temps qui courent ! Le titre à lui seul pose le décor et les conditions de l'aventure ici proposée : « le char de nuages » érémitisme et randonnées célestes chez Wu Yun, taoïste du VIIIe siècle ». Voilà le lecteur potentiel projeté devant une barrière qui est aussi une porte grande ouverte, comme l'entrée de ces temples bouddhistes flanqués de deux gardiens qui roulent des yeux menaçants. En ce début de siècle tourmenté, où chacun est invité à zapper comme il respire, où tout va si vite et si mal, qui aura l'audace d'en franchir le seuil ? La poésie de Wu Yun fait surface dans une des périodes les plus troublées et les plus brutales de la Chine. Une guerre aujourd'hui oubliée, la révolte d'An Lushan a fait plusieurs millions de morts en Chine et la question s'est posée aux hommes de lettres qui étaient aussi des hommes de pouvoir, de savoir où il convenait de se tenir. Fallait-il chercher à influer sur le cours de l'histoire au risque d'y perdre son intégrité, ou s'éloigner de la cour et de la cité pour rechercher au cœur des forêts et des monts une autre voie? Wu Yun apporte une réponse originale à cette question intemporelle, en réinterprétant le précepte traditionnel invitant les hommes à se conformer à leur nature selon qu'ils sont appelés par elle au retrait ou au contraire à l'action. Sur un chemin de crête, Wu Yun suggère de faire appel à la clairvoyance, à l'intelligence des situations et tantôt de se mettre en retrait, tantôt de s'engager. Réhabilitant le corps, véhicule de tout véritable progrès spirituel, il accorde également toute sa place à l'amitié. Mais l'oeuvre du Maître-qui-honore-le-mystère, est aussi celle d'un alchimiste ; l'adepte y décrit son cheminement vers l'immortalité. A cet égard, le mérite d'Olivier Boutonnet est d'avoir mis en lumière à travers les textes l'utilisation de véritables techniques de visualisation prenant appui sur le corps pour élever l'âme et l'esprit. La poésie sidérale (selon l'expression si heureuse de l'auteur) apparaîtra unique en son genre. Au fil des pages, le char de nuages égrène les renvois à divers aspects de la tradition chinoise qui sont autant de joyaux. Ceux qui hésitent entre le choix d'un vélo électrique ou musculaire liront avec profit la savoureuse anecdote du vieillard de Hanyin, tirée du Zhuangzi. Et les lecteurs qui auront poursuivi leur course jusqu'au terme de l'ouvrage auront la joie de l'achever sur ces vers de Wu Yun : « Perché dans le Mystère, j'en oublie sa profondeur, Puisqu'il n'est rien à gagner, il n'est donc rien à perdre. » Ne disons rien de l'épilogue... Avec le char de nuages, vous avez ouvert le coffre de l'île aux trésors !
Il en va des livres comme des hommes. Très vite, on sait à quoi s'en tenir. Pour le meilleur, le livre d'Olivier Boutonnet est de ceux-là. Aussi est-il de ces productions rares que l'on a soin de garder à portée de la main. Un ouvrage érudit qui parle d'antique poésie chinoise, quelle gageure, pourtant, par les temps qui courent ! Le titre à lui seul pose le décor et les conditions de l'aventure ici proposée : « le char de nuages » érémitisme et randonnées célestes chez Wu Yun, taoïste du VIIIe siècle ». Voilà le lecteur potentiel projeté devant une barrière qui est aussi une porte grande ouverte, comme l'entrée de ces temples bouddhistes flanqués de deux gardiens qui roulent des yeux menaçants. En ce début de siècle tourmenté, où chacun est invité à zapper comme il respire, où tout va si vite et si mal, qui aura l'audace d'en franchir le seuil ? La poésie de Wu Yun fait surface dans une des périodes les plus troublées et les plus brutales de la Chine. Une guerre aujourd'hui oubliée, la révolte d'An Lushan a fait plusieurs millions de morts en Chine et la question s'est posée aux hommes de lettres qui étaient aussi des hommes de pouvoir, de savoir où il convenait de se tenir. Fallait-il chercher à influer sur le cours de l'histoire au risque d'y perdre son intégrité, ou s'éloigner de la cour et de la cité pour rechercher au cœur des forêts et des monts une autre voie? Wu Yun apporte une réponse originale à cette question intemporelle, en réinterprétant le précepte traditionnel invitant les hommes à se conformer à leur nature selon qu'ils sont appelés par elle au retrait ou au contraire à l'action. Sur un chemin de crête, Wu Yun suggère de faire appel à la clairvoyance, à l'intelligence des situations et tantôt de se mettre en retrait, tantôt de s'engager. Réhabilitant le corps, véhicule de tout véritable progrès spirituel, il accorde également toute sa place à l'amitié. Mais l'oeuvre du Maître-qui-honore-le-mystère, est aussi celle d'un alchimiste ; l'adepte y décrit son cheminement vers l'immortalité. A cet égard, le mérite d'Olivier Boutonnet est d'avoir mis en lumière à travers les textes l'utilisation de véritables techniques de visualisation prenant appui sur le corps pour élever l'âme et l'esprit. La poésie sidérale (selon l'expression si heureuse de l'auteur) apparaîtra unique en son genre. Au fil des pages, le char de nuages égrène les renvois à divers aspects de la tradition chinoise qui sont autant de joyaux. Ceux qui hésitent entre le choix d'un vélo électrique ou musculaire liront avec profit la savoureuse anecdote du vieillard de Hanyin, tirée du Zhuangzi. Et les lecteurs qui auront poursuivi leur course jusqu'au terme de l'ouvrage auront la joie de l'achever sur ces vers de Wu Yun : « Perché dans le Mystère, j'en oublie sa profondeur, Puisqu'il n'est rien à gagner, il n'est donc rien à perdre. » Ne disons rien de l'épilogue... Avec le char de nuages, vous avez ouvert le coffre de l'île aux trésors !