Waouh ! Quelle fresque !
Bon, un peu long peut-être, mais une écriture qui vous prend par la main et qui vous emmène au coeur de l'Amérique de W.
L'histoire commence à Columbine quelques jours avant la tragédie. Caelum rencontre les deux élèves-tueurs dans une pizzeria et discute un peu avec eux car ils sont ses élèves à son cours d'écriture.
Puis, le mardi fatale arrive et la femme de Caelum reste cachée dans un placard jusqu'à l'arrivée des secours. C'est le début de sa descente aux enfers : Syndrome de Stress Post-Traumatique, dépression, dépendance aux médicaments.
Attention, cette partie dure la première moitié du roman.
Puis le couple déménage dans le Connecticut, et là, Caelum va découvrir la vérité sur sa mère et sa famille grâce à ses locataires.
Sans oublier le personnage de Velvet, la jeune fille que Caelum avait pris sous son aile, puis sa femme, puis son locataire.
Caelum s'interroge beaucoup sur les causes de la tuerie de Columbine, et nous avec lui. Mais aucune réponse n'est satisfaisante car de nombreux facteurs entrent en collision. Celui qui m'a le plus frappé : Caelum explique que dans les lycées américains, les élèves les plus en vue sont les sportifs. Chouchoutés, ils peuvent se livrer à toutes sortes de turpitudes sur leurs camarades les plus fragiles. Même si ils sont vus par les professeurs, jamais personne ne leur dira rien. Erik et Dylan n'étaient pas des sportifs, et se faisaient maltraiter, comme d'autres. A qui la faute, alors ?!
Et puis il est également question de la condition des femmes détenues : leurs conditions de détentions ainsi que ce qui les a conduit en prison.
La théorie du chaos est elle, aussi, présente, ainsi que les mythes fondateurs grecs, ses deux "théories" expliquant certines situations.
Bref, l'auteur dresse le portrait d'une Amérique qui envoit ses forces vives se faire tuer ou blesser en Irak (à eux aussi le SSPT au retour) ; de gens qui enchaînent plusieurs petits boulots pour payer les notes d'avocats et d'hôpital ; et qui se nourrissent dans des chaînes de restaurants, les mêmes dans tout le pays ; celle de l'alcoolisme latent de certains personnages.
Un roman plein d'espoir, pourtant, car Caelum croie en sa vocation d'éducateur et a le coeur sur la main. Des personnages attachants, donc, foisonnent dans ce livre.
Même si je n'adhère pas à la fin du roman un peu trop christique à mon goût, et même si parfois, ce roman comporte des longueurs, j'ai beaucoup aimé cette lecture qui m'a plongée au coeur des Etats-Unis.
L'image que je retiendrai :
Il y en a tellement.... Celle de Velvet et de ses couleurs de cheveux improbables ; celle de la psychothérapeute du couple et de ses saris aux couleurs chaudes.
encore un bon livre
Conquise par la lecture du roman" le chagrin et la grace " de William Lamb, La puissance des vaincus, paru auparavant , me faisait de l’œil depuis un certain temps sur les rayons de ma bibliothèque de campagne, mais je me doutais bien que ce gros pavé, plus de 650 pages n'allait pas être une ballade tranquille mais plutôt une randonnée difficile avec le besoin de faire des pauses pour reprendre un peu son souffle, mais quelle récompense en arrivant au sommet!
L'histoire est racontée par Dominick dans une petite ville du Connecticut à l'époque de l'opération"Bouclier du désert" en 1990 .
Dominick a un frère jumeau, Thomas qui s'ampute la main , persuadé qu'il est investi d'une mission pour arrêter les opérations militaires.
Suite à cet acte,Thomas, schizophrène régulièrement interné , se retrouve dans un quartier de haute surveillance.
Continue pour Dominick la lutte pour sortir son frère,cette moitié de lui-même , de cet enfer et le protéger comme il le fait depuis l'enfance et comme il l'a promis à sa mère.
Dans son combat aidé et poussé par une femme psychiatre, Dominick devra retrouver en lui les prémices de la maladie de son frère, revivre son enfance d'enfants illégitimes, adoptés par un homme violent qui les bat et bat leur mère, se plonger dans l'histoire invraisemblable du Grand-père sicilien , homme arrogant et sans scrupules qui a émigré aux États Unis , rechercher ses origines malgré les à- priori et reconnaitre sa responsabilité dans le mal-être de son jumeau.
Il devra lui aussi apprendre à vivre avec la perte de ce double, admettre son côté obscur et enfoui dans ses souvenirs.
Les personnages qui gravitent autour de la fratrie sont pour la plupart également des êtres complexes et déroutants.
Le livre a quelques longueurs et quelques pesanteurs, la partie de l'histoire du grand-père , écrite en italiques, distillée au cours des pérégrinations mentales de Dominick fait rebondir l'intrigue de façon intéressante et la révélation finale de la paternité est tout à fait inattendue .
Seul l'épilogue m'a paru un peu "Happy End " par rapport à l'ensemble de l'atmosphère du livre;
Donc, un livre qui n'est pas de tout repos mais que j'ai beaucoup aimé.