Roman posthume d’une plume taïwanaise disparue à moins de trente ans, Le bal des sirènes raconte la solitude et le mal-être d’une jeune femme à travers sa passion pour la danse de salon, ses efforts pour trouver sa place dans l’univers corseté de la compétition de haut niveau semblant une métaphore de la difficulté à être femme et à disposer de son corps dans la société taïwanaise tout court.
« Avant, les gens pensaient que c’était une danse d’escort girl, ce n’est que récemment que les jeunes se sont entichés de ce sport. Cinquante ans, c’est aussi le temps qu’il a fallu à notre île pour passer de la loi martiale à une société libérée. On parle souvent de l’enfermement mental lié au régime mais il allait de pair avec un enfermement physique. »
Alors, on le comprend, se faire accepter dans ce sport de contact pour Hsia-t’sien, la trentenaire célibataire dont le corps se couvre d’allergies comme le signe de son mal-être habituel, relève bien plus que d’une simple passion pour la danse. Comme semble le suggérer l’auteur, l’enjeu pour elle, dans ce microcosme réglé comme du papier à musique, qu’il s’agisse de ses chorégraphies ou de ses codes et de sa hiérarchie aussi stricts qu’immuables, est fort symboliquement sa place de femme, autant physique que morale, dans une société où, encore et toujours, « l'homme conduit et la femme suit. »
Sans partenaire attitré et sans argent – les compétiteurs assument seuls les dépenses liées à leurs entraînements, y compris celles de leur enseignant –, sans un strict respect de la tradition chorégraphique et sans programmation, voire sacrifice, de la vraie vie amoureuse – peu importe l’amour, le mariage des partenaires simplifie grandement leur stabilité professionnelle – et des éventuelles grossesses, Hsia-t’sien découvre auprès des danseurs tant amateurs que professionnels qu’il n’y a point de salut et que l’apparente liberté des corps dans la danse cache en réalité un carcan de règles rigides rappelant en miniature le corpus de principes organisant la société dans son ensemble.
Découverte fort réaliste d’un univers sportif méconnu, un livre qui, symboliquement, en dit long aussi sur le rapport au corps, le poids des traditions et le délicat équilibre au sein des couples dans nos sociétés.
Roman posthume d’une plume taïwanaise disparue à moins de trente ans, Le bal des sirènes raconte la solitude et le mal-être d’une jeune femme à travers sa passion pour la danse de salon, ses efforts pour trouver sa place dans l’univers corseté de la compétition de haut niveau semblant une métaphore de la difficulté à être femme et à disposer de son corps dans la société taïwanaise tout court.
« Avant, les gens pensaient que c’était une danse d’escort girl, ce n’est que récemment que les jeunes se sont entichés de ce sport. Cinquante ans, c’est aussi le temps qu’il a fallu à notre île pour passer de la loi martiale à une société libérée. On parle souvent de l’enfermement mental lié au régime mais il allait de pair avec un enfermement physique. »
Alors, on le comprend, se faire accepter dans ce sport de contact pour Hsia-t’sien, la trentenaire célibataire dont le corps se couvre d’allergies comme le signe de son mal-être habituel, relève bien plus que d’une simple passion pour la danse. Comme semble le suggérer l’auteur, l’enjeu pour elle, dans ce microcosme réglé comme du papier à musique, qu’il s’agisse de ses chorégraphies ou de ses codes et de sa hiérarchie aussi stricts qu’immuables, est fort symboliquement sa place de femme, autant physique que morale, dans une société où, encore et toujours, « l'homme conduit et la femme suit. »
Sans partenaire attitré et sans argent – les compétiteurs assument seuls les dépenses liées à leurs entraînements, y compris celles de leur enseignant –, sans un strict respect de la tradition chorégraphique et sans programmation, voire sacrifice, de la vraie vie amoureuse – peu importe l’amour, le mariage des partenaires simplifie grandement leur stabilité professionnelle – et des éventuelles grossesses, Hsia-t’sien découvre auprès des danseurs tant amateurs que professionnels qu’il n’y a point de salut et que l’apparente liberté des corps dans la danse cache en réalité un carcan de règles rigides rappelant en miniature le corpus de principes organisant la société dans son ensemble.
Découverte fort réaliste d’un univers sportif méconnu, un livre qui, symboliquement, en dit long aussi sur le rapport au corps, le poids des traditions et le délicat équilibre au sein des couples dans nos sociétés.