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Traduit du Tchèque par François Kérel
L'auteur avait tout d'abord pensé intituler ce roman L'âge lyrique. L'âge lyrique, selon Kundera, c'est la jeunesse, et ce roman est avant tout une épopée de l'adolescence ; épopée ironique qui corrode tendrement les valeurs tabous : l'Enfance, la Maternité, la Révolution et même - La Poésie. En effet, Jaromil est poète. C'est sa mère qui l'a fait poète et qui l'accompagne (immatériellement) jusqu'à ses lits d'amours et (matériellement) jusqu'à son lit de mort.
Personnage ridicule et touchant, horrible et d'une innocence totale (" l'innocence avec son sourire sanglant " !), Jaromil est en même temps un vrai poète. Il n'est pas salaud, il est Rimbaud. Rimbaud pris au piège de la révolution communiste, pris au piège d'une farce noire.
une satire du genre humain
Au travers de la vie de Jaromil, Kundera parle de toute cette part de possible que nous n'explorons pas dans chacune de nos vies, soit qu'on passe à côté, soit qu'on vive contraint de faire des choix, empruntant une direction plutôt qu'une autre. Alors qu'on aurait put vivre autrement, faire des rencontres différentes, finalement notre vie est réduite, nous nous heurtons sans cesse à notre propre finitude, nos rêves n'ont-ils pas autant de valeur que ce que l'on vit au quotidien ? Jaromil voit sa liberté être rognée, d'une part l'image que sa mère a de lui, d'autre part par l'implacable court de l'Histoire, enfin Kundera explore une fois de plus en détail les carcans de l'amour. Le roman est comme une biographie, la vie d'un poète ratée, mais les pistes interprétative sont très riches, un roman étonnant, avec cette manière de ne jamais prendre au sérieux la politique, plutôt vivifiante à notre époque, il fait de la littérature elle-même un outils pour explorer le potentiel que chacun a en soi.