Quoique très romancé, ce roman de Diderot pose ses jalons sur l’histoire vraie d’une religieuse : Mlle Marguerite Delamarre. Cette dernière intenta un procès pour se soustraire à son enfermement, contre sa volonté, dans un couvent. L’héroïne du roman de Diderot est Suzanne Simonin. Les thèmes de "La Religieuse" sont : l’être humain ne prend son sens et ne réalise son bonheur que dans les relations avec ses semblables et l’emprisonnement en cloître est contre nature : il développe la mélancolie, l’obsession du suicide, l’intrigue, la calomnie, la haine, les frénésies
sexuelles ou, au contraire, l’étourdissement de l’individu qui ne présente plus aucun poids humain. Une écriture très délicate et un style gracieux font de ce roman l’un des plus beaux classiques.
Diderot et les "bonnes" soeurs
Peut-être cela ne vous inspire que trop peu de lire un livre sur les mœurs et les institutions ecclésiastiques du XVIIIème siècle. Ce serait pourtant dommage de passer à côté, dans la mesure où ce livre est l’œuvre d'un des esprits les plus lumineux et modernes de cette époque: Diderot. Ce grand penseur imagine l'histoire de Suzanne, une jeune fille de bonne famille qui apprend à l'âge adulte qu'elle n'est finalement pas vraiment une jeune fille de bonne famille. Effectivement, sa mère a failli à sa vertu et s'est acoquiné avec un autre que son mari. Suzanne est ainsi le fruit de cet adultère et est priée de couvrir la honte de sa mère en se retirant de la société en devenant bonne sœur. Une perspective qui n'inspire que très moyennement Suzanne, et la réalité ne lui donnera que trop raison. Elle est l'objet d'un harcèlement psychologique et physique de la part des autres sœurs, encouragée par la mère supérieure. Une dure et longue bataille juridique est engagée par Suzanne pour changer de couvent, ce qui se réalisera avec grande peine. Un grand soulagement et un sentiment de paix emplissent Suzanne en arrivant dans un nouveau couvent où la bienveillance semble faire autorité. Du moins, en apparence. Car la bienveillance de la mère supérieure de couvent-ci se révèle être une attention particulièrement intime envers Suzanne, qui ira jusqu'au harcèlement sexuel.
Un grand roman qui dénonce une face cachée des institutions religieuses, et éveille chez le lecteur un profonde empathie et un terrible sentiment d'injustice.