D’emblée, j’apprécie le fait que Nicolas Tran n’emploie pratiquement pas l’expression hypocrite à la mode « notre ère » afin d’occulter qu’il s’agit de l’ère chrétienne, et écrit « av./apr. J.-C. », puisque « notre ère » débute avec la naissance du Christ. Ensuite, dans son histoire de la plèbe romaine, Nicolas Tran, qui remet en cause la vision misérabiliste de la Rome populaire, fait notamment mentir la célèbre formule des Satires de Juvénal, laquelle a eu une énorme influence sur le grand public et même sur beaucoup d’historiens. Je me permets de donner la phrase originale (Satire X, ligne 80) : [Populus Romanus] duas tantum res anxius optat, panem et circenses, que je traduis ainsi : « Le peuple romain désire avec inquiétude seulement deux choses : du pain et des jeux. » En effet, Nicolas Tran montre que la plèbe romaine, malgré son désir légitime de se nourrir et de se divertir, malgré les nombreux jours de fête et les distributions gratuites de blé, d’huile et de vin, devait, dans l’ensemble, travailler dur (page 96) et avait une « conscience politique » (page 76). Elle pouvait se mobiliser, entre autres raisons non matérielles, certes surtout pour dénoncer une atteinte à sa dignité de peuple-roi, censé gouverner le monde, mais aussi pour dénoncer une injustice criante, comme en 61 apr. J.-C., où elle tenta d’empêcher l’exécution des quatre cents esclaves d’un haut personnage qui venait d’être assassiné par l’un d’entre eux (page 79). En conclusion, après avoir détaillé l’extrême diversité de la plèbe romaine et de ses activités, Nicolas Tran rappelle qu’elle était à la fois dominée (par les aristocrates) et dominante (dans un univers esclavagiste), et traversée par de profondes inégalités, mais il souligne le rôle favorable des multiples groupes communautaires et des divers lieux de sociabilité. Un livre éclairant sur la société de la Rome antique, qui, pour une fois, s’attache à présenter, de manière circonstanciée, les couches populaires plutôt que les élites. A lire au calme dans sa domus ou attablé (eh oui ! les gens du peuple mangeaient assis et non allongés sur des lits) dans une popina (« taverne »), point trop bruyante !!!
D’emblée, j’apprécie le fait que Nicolas Tran n’emploie pratiquement pas l’expression hypocrite à la mode « notre ère » afin d’occulter qu’il s’agit de l’ère chrétienne, et écrit « av./apr. J.-C. », puisque « notre ère » débute avec la naissance du Christ. Ensuite, dans son histoire de la plèbe romaine, Nicolas Tran, qui remet en cause la vision misérabiliste de la Rome populaire, fait notamment mentir la célèbre formule des Satires de Juvénal, laquelle a eu une énorme influence sur le grand public et même sur beaucoup d’historiens. Je me permets de donner la phrase originale (Satire X, ligne 80) : [Populus Romanus] duas tantum res anxius optat, panem et circenses, que je traduis ainsi : « Le peuple romain désire avec inquiétude seulement deux choses : du pain et des jeux. » En effet, Nicolas Tran montre que la plèbe romaine, malgré son désir légitime de se nourrir et de se divertir, malgré les nombreux jours de fête et les distributions gratuites de blé, d’huile et de vin, devait, dans l’ensemble, travailler dur (page 96) et avait une « conscience politique » (page 76). Elle pouvait se mobiliser, entre autres raisons non matérielles, certes surtout pour dénoncer une atteinte à sa dignité de peuple-roi, censé gouverner le monde, mais aussi pour dénoncer une injustice criante, comme en 61 apr. J.-C., où elle tenta d’empêcher l’exécution des quatre cents esclaves d’un haut personnage qui venait d’être assassiné par l’un d’entre eux (page 79). En conclusion, après avoir détaillé l’extrême diversité de la plèbe romaine et de ses activités, Nicolas Tran rappelle qu’elle était à la fois dominée (par les aristocrates) et dominante (dans un univers esclavagiste), et traversée par de profondes inégalités, mais il souligne le rôle favorable des multiples groupes communautaires et des divers lieux de sociabilité. Un livre éclairant sur la société de la Rome antique, qui, pour une fois, s’attache à présenter, de manière circonstanciée, les couches populaires plutôt que les élites. A lire au calme dans sa domus ou attablé (eh oui ! les gens du peuple mangeaient assis et non allongés sur des lits) dans une popina (« taverne »), point trop bruyante !!!