La part terrestre

Le dépassement des limites planétaires ébranle les conditions d'habitabilité sur Terre. Confrontés à de profonds bouleversements écologiques, les villes et espaces urbanisés, qui ont leur part de responsabilité dans le dérèglement à l'oeuvre, font l'objet d'adaptations et d'alternatives... tantôt singulières, tantôt paradigmatiques. S'efforçant d'adopter une approche équilibrée, évitant à la fois les constats alarmistes et un optimisme démesuré, ce livre interroge le renouveau des pratiques écologiques d'aménagement et invite à questionner la condition terrestre de la fabrique urbaine.
Cette exploration est en premier lieu une invitation à parcourir des territoires déroutants où les modalités d'habiter et de penser le futur des lieux de vie sont profondément mises à l'épreuve. C'est aussi une manière d'aborder la question du terrestre non comme un apriori mais comme une hypothèse de travail permettant de reconsidérer les dimensions, les domaines et les équilibres de la fabrique urbaine.
Ainsi, le livre se propose de rendre compte de la possibilité des expériences écologiques en urbanisme, en prenant au sérieux les difficultés de la discipline à les penser. En effet, au regard de l'urbanisme, discipline intrinsèquement liée a? l'action, tant le statut du terrestre que la manière dont il est éprouvé, apparaissent problématiques : l'échelle de la crise écologique interroge les aprioris du vivable et l'écologie politique ceux de la fabrique des territoires.
L'urbanisme, en quête de justice écologique et sociale, s'accorde ici une pause, une dilatation, pour se réfléchir dans le champ des humanités. Un ralentissement face à l'urgence. Que signifie, ou pourrait signifier, d'ouvrir la fabrique urbaine a? sa teneur écologique ? A partir de trois situations — Grenoble, capitale verte ; le Mississippi et son delta à l'épreuve du naufrage des sols ; l'archipel de Notre-Dame-des-Landes —, Jennifer Buyck s'interroge sur le projet d'une ville durable.