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La Paix des bonnes âmes : sous ce titre irénique, se cache paradoxalement le dossier d'une vive querelle. Au lendemain de la Révocation de l'Edit de Nantes, Pierre Poiret, ancien pasteur de communautés huguenotes, écrit des Pays-Bas à des protestants restés en France, pour les aider à supporter leur situation de " Nouveaux Catholiques " : si on les force à assister à la messe, ils peuvent en tirer un bien spirituel en méditant la Passion du Christ.
Dieu regarde au coeur et non au fait d'appartenir à tel ou tel " parti ". Cet anonyme Avis Charitable est violemment attaqué par Pierre Jurieu, porte-parole des huguenots du Refuge. Dans la 11e de ses Lettres pastorales, il accompagne de médisances sa mise en garde contre cet écrit dangereux. Pour se défendre, Poiret publie les pièces de l'affaire. Il y ajoute deux chapitres sur l'Eucharistie, qui sont parmi les plus originaux de son gros traité de l'Oeconomie Divine.
Voilà La Paix des bonnes âmes, ouvrage significatif de la position particulière d'un penseur spirituel qui est à la fois tolérant et ardent polémiste. Edité en français, puis en allemand et en latin, cet Irenicon universale eut un impact certain dans le Refuge et attira même l'attention de Leibniz.
