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Des années après le drame qui le hante et l'a poussé à abandonner sa passion pour les chevaux, Alexandre est invité par une ancienne connaissance à Maisons-Laffitte, légendaire centre d'entraînement des chevaux de course. Il y fait la connaissance de Tony, un ex-jokey spécialiste des chevaux difficiles. Cette âme hors du commun va tenter d'aider Alexandre à affronter ses fantômes et ses peurs. Mais ce dernier parviendra-t-il à traverser sa nuit d'encre ? Une plongée fascinante au coeur du monde des pur-sang, devenu le refuge d'un homme abîmé par la vie.
Tendresse et poésie d'un conte un peu surnaturel
Des années après le drame qui ne cesse de le hanter et qui lui a fait tourner le dos à sa passion pour le cheval, Alexandre est invité par une ancienne connaissance à l’entraînement des cracks à Maisons-Laffitte. Pendant qu’il renoue peu à peu avec le monde équestre, pour les plus grands espoirs de sa mère Elisabeth, qui, douloureusement consciente de n’avoir pas su le protéger des violences d’un père aujourd’hui décédé, cherche obstinément le moyen de lui redonner goût à la vie, l’ex-jockey Tony, reconverti en lad rééducateur de chevaux difficiles, convoie ses derniers champions sans se douter que son ultime sauvetage pourrait bien être celui d’un homme cette fois…
Jolie et émouvante, l’histoire a toutes les chances d’embuer bien des yeux, à mesure que les fils narrateurs, tissés respectivement par Alexandre, Tony et Elisabeth, laissent apparaître son motif central, au départ peu visible. Leurré par le premier chapitre, le lecteur devra d’abord faire la part entre réalité et fantasme, personnages vivants et fantômes, pour progressivement réaliser la nature et l’ampleur du traumatisme qui empêche Alexandre de se libérer d’un terrible sentiment de culpabilité et d’enfin faire son deuil du passé. C’est cette construction du livre, d’un trompe-l’oeil initial en un enchaînement de métaphores poétiques, qui, alliée à une écriture puissamment inspirée par la passion profonde de l’auteur pour le cheval et l’univers des courses hippiques, mais aussi par une expérience personnelle qui lui a dicté un personnage présentant quelques traits autobiographiques, fait toute l’originalité de cette narration, inévitablement bouleversante.
De la rééducation de chevaux débordés par leurs peurs au rebond d’un homme qui ne croit plus en lui ni en la vie, le texte fait la part belle à l’équithérapie, fondée sur cette incroyable relation entre l’animal et l’humain, l’un si bien miroir de l’autre que ce binôme affectif favorise prise de confiance et reconnexion avec soi, comme par exemple chez les jeunes autistes. Alors, même si parfois l’ensemble frise la tendance feel good et paraît rester trop en surface de ses somme toute classiques considérations sur la résilience et le droit à vivre heureux, l’on se laisse charmer par la tendresse et par la poésie de ce conte un peu surnaturel, en même temps que griser par la vitesse et la puissance de galops au petit matin, à dos de « fauve de quatre cents kilos ».
Une lecture qui pourra donner envie de revoir le film « Danse avec lui », pour une autre histoire de résilience équestre à laquelle ce livre fait irrésistiblement penser.