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Cet ouvrage se situe à la croisée de l'histoire, de l'histoire des sciences et de la géographie. Il interroge le moment où, entre 1780 et 1860, la géographie se structure peu à peu en champ scientifique et académique indépendant en Europe, et particulièrement en France, en Prusse et en Grande-Bretagne. Au même moment dans ces trois pays, des géographes travaillent à ce que leur champ d'étude soit enfin considéré comme une science à part entière.
Ce processus de construction à la fois scientifique et disciplinaire est profondément marqué par l'héritage des Lumières et l'esprit universaliste, mais, parallèlement, il se trouve également influencé et informé par le contexte politique. Durant cette période, les savoirs géographiques sont en effet investis d'une valeur stratégique grandissante: ils jouent un rôle majeur dans les idéologies et actions politiques des États.
En interrogeant conjointement les champs du politique et des savoirs géographiques, ce livre vise ainsi à mettre en évidence en quoi le processus engagé de montée en discipline des savoirs géographiques se trouve fondamentalement en tension entre, d'une part, une exigence universaliste portée à l'échelle européenne par le champ scientifique et, d'autre part, la nationalisation progressive des savoirs.
Par le croisement de sources de différentes natures, par l'articulation d'une approche internaliste et externaliste, cette recherche s'inscrit dans le champ du spatial turn.