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Les jours de Gina, alias la Poupée - surnom rendant hommage à sa beauté et à ses courbes magnétiques -, se suivent et se ressemblent. Son quotidien glisse des mornes déambulations à la monotonie des danses lascives qu'elle exécute brillamment contre quelques billets chéris. Son existence va basculer la nuit où elle rencontre Tariq, évanoui au petit matin mais laissant derrière lui une traînée de poudre : cinq bombes sont retrouvées dans la ville, et il est le coupable idéal.
Débute alors pour la jeune strip-teaseuse une inexorable chute. Accusée de complicité de tentative d'attentat dans un monde traumatisé par les échos du 11 Septembre, elle n'a pas d'autre choix que celui de fuir, la présomption d'innocence comme lointain souvenir. Nerveux et sombre, La Fureur et l'Ennui écrit l'époque dans toutes ses crispations avec justesse, et dénonce les dérives d'un début de XXIe siècle que la paranoïa collective a corrompu.
4/5
Derrière un titre fumeux voire stupide, ayant peu de rapport avec le livre et aucun avec le titre d’origine, se cache un livre révoltant, réaliste, passionnant et cruel. Rien que ça messieurs dames ! J’ai tout de suite accroché au style de l’auteur, tout à fait dans le ton du livre. On nous décrit une société dure, superficielle, dirigée par l’argent, les apparences, le pouvoir, où la relation dominé-dominant est la base de son fonctionnement. Le personnage de La Poupée, au surnom révélateur, est l’emblème de cette société aveuglée, corrompue, et manipulée. La Poupée, danseuse nue, femme-objet, victime des apparences, et adepte des marques de luxe, se retrouve prise au piège de cette société en proie aux grandes peurs de son époque : le terrorisme. La Poupée, chose fragile et innocente, va se rendre compte d’une autre réalité, et fera office de bouc émissaire. Son destin est désormais scellé, ce dont elle prendre vite conscience. Le roman est profondément pessimiste et fataliste, le public est manipulé par les médias, eux-mêmes manipulés par les dirigeants, un cercle vicieux se forme autour de La Poupée qui se rend compte que sa propre vision du monde est complètement faussée. Le réalisme et la vérité du propos rendent le livre révoltant, son injustice inévitable me rappelle 1984 d’Orwell. On termine la lecture bouleversé par cette femme à la fois anonyme et universelle, sacrifiée par les médias, sans espoir de voir la vérité éclatée. Elle restera celle que l’on a voulu qu’elle soit, un outil pour apaiser une opinion publique manipulée en permanence. Roman terrible, glauque, réaliste