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Pourquoi ce titre ? Parce qu'elle n'a pas vraiment de prénom. Elle n'existe qu'en tant que la fille de... dans les marges obscures, voire obscurantistes, de l'historiographie de l'alpinisme. La fille de... hérite de plus d'un lourd prénom dont la charge le patriarcat en la personne de son père qui, lui, se décharge de cette charge d'Ancien Régime sur les instruments du bon docteur Paccard, créancier de son guide, mesurant la pression barométrique au sommet du mont Blanc - ci-devant montagne maudite.
Le tout sous l'oeil argenté de Saussure et avec la bénédiction laïque du philosophe de Konigsberg : Kant. La fille sans prénom en meurt, après le sommet, le 8 août 1786. Cet opuscule est donc un hommage rendu, 225 ans après, à la fille de Balmat qui, inconsciemment, aura fait tourner et tomber bien des têtes. Pas seulement féminines : tous les alpinistes, sans le savoir, ont toujours affaire à la fille de Balmat.
Judith est encore parmi nous, comme personnage le plus étrange d'une histoire de l'alpinisme à enfin écrire. Une analyste avant l'heure sans doute. Parler de Judith Balmat, c'est parler de la question de la femme et du problème des femmes en alpinisme. C'est aussi parler de la formation des guides et des alpinistes. Ce n'est pas, aujourd'hui, une question seconde ni secondaire. La fille de Balmat est en effet la première victime de la flexibilité alpine.
