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Quelque part en Islande, au bord de la mer, un village de maisons noires fait face à l'infini de l'eau. Dans son repaire, un romancier peine, sur sa vieille Olivetti, à écrire la vérité d'un couple parti en vacances pour se retrouver. Qui s'amuse ? se demande-t-il, déposant les feuilles dactylographiées sous la fenêtre sud claire. La radio, pendant ce temps-là, donne des nouvelles d'un autre monde : le séisme de Fukushima, l'assassinat de Ben Laden, la guerre en Syrie.
Au rythme des quatre saisons de l'année, comme un contrepoint nordique aux célèbres concertos de Vivaldi, La fenêtre au sud transforme cette histoire simple d'amour et de fantômes en un livre immense sur les crépuscules de la création. L'encre s'épuise, l'écrivain tapera bientôt blanc sur blanc, traversant la page comme on marche dans la neige. Celui qui est seul est toujours seul, infiniment seul et nulle compagnie ne peut rien y changer.
Au sud de nulle part
Printemps. Eté. Automne. Hiver.
Au rythme des saisons, du temps qui passe un peu immobile un peu ondulant, aux soleils qui rasent les étoiles, face aux vagues qui pourlèchent les babines de la terre, un homme écrit. Sur sa vieille machine à écrire.
Comme un journal de l’ordinaire, une mélodie du quotidien faite de petits riens et d’autres pas grand-chose, comme le chant d’un oiseau qui vient poser ses minuscules pattes sur le bois de la rambarde. Les nouvelles à la radio sont mauvaises, le temps joue sa partition coulée dans ces vastes espaces qui sont de grands nulle part.
Cette fenêtre au sud laisse entrer dans l’existence l’air serein des voyages sans mouvement. C’est d’une douceur à enchanter le cœur, d’une mollesse et d’une certaine paresse à encourager l’introspection.
On se laisse avec tranquillité voguer et trimballer, entre trivialités et réflexions, sur les chemins capricieux de la création. On se prend de sourires, on se construit de silences. On se laisserait volontiers avaler par le chant des sirènes du vent.
La fenêtre au sud se lit par petites touches, on garde sur soi et surtout en soi ce petit livre frémissant de tendresse crépusculaire.
Petit éloge du rien, vaste ferveur des vies liquides, le charme de l’écriture opère comme un cataplasme fait de rêves et d’indolence.
La fenêtre au sud c’est la poétique du bulletin météo.