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"N'oubliez pas que la Corse a les yeux sur vous ; songez que
vous avez à soutenir l'honneur de cet établissement, et à
montrer que ce n'est point en vain qu'il a été fondé. Ouvrez
donc vos esprits avec ardeur à la culture intellectuelle; ouvrez
vos coeurs à toutes les nobles, à toutes les généreuses
inspirations, et par des efforts assidus, par une application
constante, travaillez tous à être un jour le soutien, la lumière et
la gloire de votre pays." Tels sont les derniers mots d'un
discours prononcé lors de la distribution des prix en 1846 par
Victor-Honoré Guérin, ancien élève de l'Ecole normale
supérieure, professeur de rhétorique au collège royal de
Bastia.
Tour à tour, collège jésuite de 1601 à 1768,
établissement d'enseignement public en 1770, école centrale
en 1798, collège communal en 1808, collège royal en 1843,
lycée en 1848, lycée impérial sous le Second Empire, collège
et lycée sous la Troisième République, le collège Simon-Jean
Vinciguerra connu sous l'appellation toujours vivace de
"Vieux Lycée", est un lieu important de la mémoire bastiaise
et un élément incontournable de l'histoire éducative de la
Corse.
Dès le XIXe siècle, la vie de l'établissement semble
ponctuée par la distribution annuelle de prix remis aux élèves
méritants. A Bastia, comme partout en Europe, l'instruction
publique, c'est, désormais (ce l'était peut-être même déjà avant
Guizot), la culture élaborée par la bourgeoisie gouvernante à
l'intention du peuple. Pour ma part, je souhaite considérer
l'évolution du discours de distribution des prix comme une
tradition, à la fois littéraire et scolaire, aux racines profondes.
Ce travail repose donc sur une observation historique et
anthropologique à la fois des cérémonies professorales et de
l'ensemble des traditions et sociabilités du lycée de Bastia.