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Consommation, compétition, culture d'entreprise, rentabilité, concurrence, transparence, gestion, obligation de résultat, quantification, maîtrise, contrôle, évaluation, progrès, libéralisme, épanouissement personnel, bien-être, psychologie, génétique, biologie, (psycho-)thérapies, neurosciences, coaching... Le XXe siècle voit la superposition d'intérêts entre l'apogée de la déesse Science et l'avènement du dieu Marché.
Alors que nos maux deviennent troubles, nos moindres souffrances sont cataloguées comme maladies. Il s'agit d'être "sain", performant, normé, afin d'atteindre la santé totale conçue comme Bonheur. Que sont nos souffrances devenues ? Passés à la moulinette des neuro-techniques, les consommateurs voraces en quête de pouvoir (d'achat notamment) recherchent la jouissance à travers les objets. Sommes-nous pour autant plus heureux ? La résolution de problème et le quantifiable, appliqués à l'humain, touchent à son humanité même.
Il existe un ailleurs. Il se situe hors de l'espace du laboratoire et hors des lois du commerce. La psychanalyse, celle du retour à Freud proposé par Lacan, pose cette question : qui êtes-vous pour souffrir ? Et réaffirme le fait que l'être humain ne se réduit pas à sa dimension comptable ; l'organisme n'est pas le corps ; le cerveau n'est pas le siège de l'âme ; le langage et la parole ne servent pas qu'à communiquer.
A prendre le risque d'oublier qu'il a un inconscient, l'homme aspire, plus que jamais, à devenir une créature hybride entre animal génétiquement modifié et machine perfectionnée. Sans esprit, sans poésie, sans fantaisie, sans invention ni créativité, l'individu calculateur et calculé, se montre indifférent, sans opinion, sans question. Il est un évaluateur évalué, un surveillant surveillé, soupçonneux et compassionnel, prêt à l'emploi après avoir digéré tous les prêts-à-penser, il prend le risque de finir formaté et d'être jeté après usage.
Inconsistant, liquide et sans attaches, c'est sa conception de la "liberté".