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C'est un roman à deux temps où s'entrelacent des séances de psychanalyse que l'héroïne poursuit à Paris et le récit de son parcours d'émigrée. Suite à un viol collectif par les gardiens de l'ordre moral, Donya fuit Téhéran. Arrivée à Istanbul, elle décide d'avorter, apprend la mort de son père, et cherche désespérément un travail. Rien n'est jamais acquis pour une Iranienne désargentée qui doit partir tous les trois mois en Bulgarie pour renouveler son droit de séjour.
Elle s'embarque dans un bus rempli de malfrats pour Sofia en 1991, et atterrit dans un hôtel de passe. Trois mois plus tard, elle manque mourir à la frontière de Bulgarie lors d'un deuxième voyage. Outre son boulot dans une clinique à Istanbul, elle devient danseuse orientale pour payer ses études. Les paysages somptueux du Bosphore contrastent avec les lugubres faubourgs de Sofia. Pourtant c'est à Paris, au cours de l'analyse, que surgissent les révélations les plus inattendues.
Les souffrances d'une enfance terrible, une mère qui délaisse Donya dès la naissance car elle désirait ardemment un garçon. Une mère qui ne pardonne jamais à sa fille d'être une fille. Un père ruiné devenu opiomane et fou. Une fillette qui tente de se faire aimer par ses parents grâce à son intelligence. Une adolescence "coupable" et brisée. Et une jeune femme qui ne parvient à pardonner ni à ses parents ni à son pays.
La maîtrise progressive du français constitue le seul bonheur de l'héroïne. Une jeune femme qui fuit la réalité insoutenable en inventant des mensonges sincères ! Au fil des séances et de l'histoire, se profile, sous le regard myope de son psy, la fin tragique d'une jeune femme rattrapée par son destin.
Une oeuvre tout en subtilité.
Une nouvelle belle découverte de la rentrée littéraire avec ce livre, récit et roman d'une auteure iranienne dont j'avais déjà pu apprécier son livre "Je ne suis Pas Celle Que je suis".
Nouvelle pierre dans son édifice sensible et reposant sur sa propre biographie, de mobilisation Contre l'intégrisme islamique et la société iranienne depuis la chute du Shah. Pour cela Chadortt va prendre la voix d'un jeune Iranienne aux origines familiales et à l'histoire d'une trop courte vie; Donya.
Jeune Iranienne rejetée par ses parents , en révolte contre l'ère Khomeny, l'étudiante va se retrouver dans les geôles des gardiens de la révolution et en une nuit, violee par ces fanatiques, et enceinte, elle s'enfuit d'Iran après avoir refusé un mariage puis abuser d'un de ses compatriotes en tenta de refaire sa vie en Turquie puis en France. Cette histoire sensible, le combat de Donya pour son indépendance, pour un diplôme, c'est à travers son récit lors de ses séances avec un psy, dont la propre vie personnelle empiète un peu sur ses qualités d'écoute que le lecteur va reconstruire son parcours, ses doutes, sa quète de père et au passage ses doutes sur la qualité et l'intérêt de la psychanalyse.
Passant de l'espoir fou à de très profondes crises d'angoisse et de désespoir, par son travail, ses études, son culot, Donya va lors apprendre le turc puis le français pour réussir des études de haut niveau, porter ses espoirs sur sa volonté, des amis de passage comme de faux amis, elle va surtout se faire la porte - parole contre l'injustice, la barbarie des mollahs iraniens et de la Société post-révolutionnaire iranienne comme de ses tabous.
A la fin de sa lecture, le lecteur, avant de connaître le destin tragique de Donya, ne peut que s'attacher à cette jeune héroïne, si souvent trahie mais à la volonté et au courage intangible.
Belle écriture sous forme de chapitres courts mais dans un style type de très grande qualité.