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Drôle
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Ironique
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Surprenant
Ce matin, un livre mystère est arrivé chez moi. Je me suis conformée en tout point aux « directives » de Jérôme. J’ai décidé de satisfaire ma curiosité et la véranda ensoleillée nous a accueillis, le livre, un transat et moi.
Non ? Monsieur Bennett, vous l’avez vraiment fait ? Vous avez vraiment installé la Bergère chez vous ? OK, la morale est sauve, précisons, vous avez installé le camion de Miss Shepherd dans votre jardin… Début d’une odorante cohabitation d’une dizaine d’années. Je pensais que le sentiment de culpabilité était l’essence même d’une éducation
judéo-chrétienne alors que, vous le dites vous-même "Je n'aurais jamais pu être catholique, je suis bien trop snob pour ça.". Or, vous n’avez pas été snob du tout pour accomplir cet acte héroïque vu l’état de la dame et de sa camionnette.
Il faut dire que ce véhicule, délabré, repeint en jaune fait tâche dans ce quartier en pleine mutation. Comprenez en plein embourgeoisement. Je ne vous parle même pas de sa propriétaire d’une saleté repoussante.
S’en découlent des situations ubuesques, difficiles à comprendre pour les autres, si bien qu’à la fin, vous n’expliquez plus rien du tout. La fée du logis l’a oubliée dans sa distribution, elle ne fleure pas le parfum suave du 5 de Chanel, c’est le bordel dans son sweet home. La cohabitation n’a rien de glamour, mais, cahin-caha…
Vous nous racontez les épisodes marquants de cette cohabitation avec une Miss Shepherd de plus en plus crasseuse, mais toujours aussi vindicative. C’est qu’elle a du caractère la Bergère ! « Il était rare qu’on lui rende le moindre service sans avoir en même temps envie de l’étrangler »
Ces rendez-vous avec votre carnet sont drôles, très pince-sans-rire, foldingues, mais emprunts d’amour, même si vous vous en défendez. Le remords vous tenaille lorsque vous voyez ces personnes du service social entrer dans la camionnette de Miss S. sans problème, alors que vous ne pouvez le faire.
Après sa mort, vous vous êtes décidé à entreprendre les travaux d’archéologie à l’intérieur du sweet home. J’ai aimé que vous ayez nettoyé la camionnette avant que le récupérateur ne vienne l’enlever. Une sorte de toilette mortuaire, un adieu définitif. Fidèle à elle-même, la Bergère vous a légué un bel héritage… des mites. Allez, j’y vais de mon mauvais jeu de mots : des mites laissées par un mythe.
Merci Monsieur Bennett pour ce délicieux moment de lecture. Vous n’avez pas la pareille pour vous moquer gentiment de vos concitoyens. Pourtant votre Bergère ressemble comme deux gouttes d’eau, la camionnette en moins à une voisine décédée il y a une dizaine d’années.
J’ai rapidement su de quel livre il s’agissait pour en avoir lu la chronique tentante de Clara. Merci Alex pour ce délicieux livre mystère. J’ai aimé cette couverture jaune, comme LA camionnette. L’illustration de la couverture est en accord avec le livre.
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L'excentrique dans votre jardin
Ce que j'aime dans l'écriture d'Alan Bennett, ce sont ses personnages. Qu'ils soient fictifs ou bien réels, peu importe, il leur donne un souffle de vie particulier. On les observe, les appréhende toujours avec un regard neuf et unique. Je ne sais pas comment il s'y prend, mais je "marche" à chaque fois.
Cette fois-ci, l'histoire qu'il nous raconte est réelle. La dame à la camionnette jaune n'est pas fictive et elle a vraiment envahi son espace vital avec son accord.
Ce livre est une succession de notes prises par l'auteur au fil du temps et ensuite remises dans un certain ordre pour plus de cohésion. Ce n'est qu'après le décès de Miss Shepherd qu'Alan Bennett reprendra un style narratif plus classique pour terminer cet ouvrage.
C'est un livre court comme souvent avec cet auteur, mais il est néanmoins rempli de ce flegme typiquement britannique, d'humour, mais aussi de situations assez rudes, bien réelles d'exclusion sociale.
Est-ce que les plus grands excentriques vivent de l'autre côté de la Manche ? Cela est fort possible, mais qu'importe, voilà un récit plus fort qu'il n'y paraît. Je lui trouve un écho ultra contemporain alors que beaucoup de faits remontent à 30 ou 40 ans tout en se rapprochant progressivement de notre époque. Les temps changent, mais pour les modifications en profondeur, cela reste long.
A découvrir.