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Cette enquête sur l'immense demande de quantification dans le monde moderne examine le développement des significations culturelles de l'objectivité depuis plus de deux siècles. Comment devons-nous tenir compte du prestige actuel des méthodes quantitatives et de leur puissance ? La réponse habituelle est que la quantification est considérée comme souhaitable dans l'enquête sociale et économique depuis ses succès dans l'étude de la nature.
Cette justification ne satisfait pas Theodore Porter. Pourquoi, demande-t-il, le genre de succès obtenus dans l'étude des étoiles, des molécules ou des cellules devrait-il être un modèle attrayant pour la recherche sur les sociétés humaines ? Et d'ailleurs comment faut-il comprendre l'omniprésence de la quantification dans les sciences de la nature ? A son avis, nous devrions diriger notre regard dans la direction opposée : en comprenant l'intérêt pour la quantification dans les affaires, le gouvernement et la recherche sociale, nous apprendrons quelque chose de nouveau sur son rôle dans la psychologie, la physique et la médecine.
S'appuyant sur un large éventail d'exemples issus des laboratoires et du monde de la comptabilité, des assurances, de l'analyse coûts-avantages et du génie civil, Porter montre qu'il est "parfaitement faux" d'interpréter la rigueur quantitative de la science comme une tendance en quelque sorte inhérente à l'activité de cette dernière, sauf là où les pressions politiques et sociales imposent un compromis.
En réalité, la quantification naît d'une tentative pour élaborer une stratégie d'impersonnalité permettant de résister aux pressions de l'extérieur. C'est dans un contexte culturel que l'objectivité prend son essor, la quantification devenant plus importante lorsque les élites sont faibles et les négociations privées suspectes, et que la confiance fait défaut.
Qui est le "on" de "on sait aujourd'hui"..?
Magistral. Ce livre manquait cruellement à la compréhension du réel actuel : à ne manquer sous aucun prétexte. Meme si, ou parce que (rayez la mention superflue...selon ce que vous aurez compris de ce livre.), tout commentaire de ma part ne sera jamais que le fruit" fortuit" (?) de ma subjectivité imparfaite, vous pouvez me faire confiance sur ce coup-là : lisez-le.
Il y aurait tant à en dire.....
Modéles, outils et compromis : ce que l'on "sait" (ou croit/dit savoir..) de la vérité aujourd'hui et donc ce que l'on en fait, n'a rien d'absolu...Il serait temps de se poser les bonnes questions, non?
Indice : (extrait de la préface de l'auteur) " Je soutiens que l’objectivité « mécanique » ou obéissant à des règles est moins l’aboutissement de la science triomphante, de la physique ou de l’astronomie, qu’une manœuvre défensive pour parer à une menace.".... dont acte.
Car :" La raison publique doit-elle être déchirée entre respect méthodique des règles et démagogie grossière ? La confiance dans les chiffres, telle que je la décris ici, signifie le rejet de l’interprétation, si ce n’est sa suppression pure et simple. En réalité, l’interprétation est une nécessité indépassable."
Alors, qui ou quoi, nous menace-t-il, en réalité? Je vous laisse juge. Pardon : interprète.
Bonne lecture.