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"Je me rappelle deux ans plus tard, en face de moi, ce grand diable d'officier allemand debout dans la tourmente, à Verdun, Fritz von X... , qui était debout, et appelait, et m'appelait. Et je ne lui répondais pas, je le canardais de loin. Dans cette guerre, on s'appelait, on ne se répondait pas. J'ai senti cela, au bout d'un siècle de course. On a senti cela. Je ne faisais plus que gesticulailler, criailler.
Je n'avançais plus guère. Je trébuchais, je tombais. Ils trébuchaient, ils tombaient. Je sentais cela. Je sentais l'Homme mourir en moi".
La guerre vue du sol
S'il ne faut lire qu'un livre de Drieu La Rochelle prenez celui-là. Ce n'est pas celui où il excelle dans le style mais la construction de son récit est remarquable. Par le truchement d'un soldat faisant visiter les lieux du sacrifice à une riche donatrice d'après guerre, il va nous donné sa guerre. Une guerre de l'élite française partie pour gagner en deux jours pris nourrie de combats homériques et finissant à plat ventre, abasourdie, écrasée à vie... Ainsi naîtra un esprit de revanche, une défiance du monde moderne dans l'esprit français. La guerre a changé brutalement et elle a écrasé tout un peuple, réduit à néant tout élan ou esprit d'héroïsme. La guerre vue du sol c'est vertigineux...