Une pure merveille !
Un roman d'une grande beauté, drôle, fin, extrêmement lumineux sur des sujets difficiles : la perte de
l'être aimé, la dureté de la vie et la tristesse qu'on barricade parfois... Elise franco-japonaise,
orpheline de sa maman veut poser LA question à son père et elle en trouvera le courage au fil des pages,
grâce au retour de sa grand-mère du japon, de sa rencontre avec son extravagante amie Stella..
Ensemble il ne diront plus Sayonara mais Mata Ne !
" Il n'y a pas dans la littérature brésilienne, entre le baroque du XVIIe siècle et le mouvement moderniste du XXe, une période classique comme dans...
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" Il n'y a pas dans la littérature brésilienne, entre le baroque du XVIIe siècle et le mouvement moderniste du XXe, une période classique comme dans la plupart des littératures européennes. Mais il y a un grand écrivain classique, miraculeusement solitaire, Machado de Assis. Et certes, il s'est imprégné de ce paysage de Rio de Janeiro, dont il n'est jamais sorti, tout de heurts et de violences, où la mer lutte contre la montagne, où la forêt envahit les maisons ; il a gouté à tous les " poisons " romantiques, à la sensualité des nuits tropicales ; il a assisté à la désagrégation de la famille patriarcale traditionnelle, impuissante à résister aux effets de l'urbanisation du pays, à la révolte de l'enfant ou de la femme contre l'autorité absolue du patriarche, à la montée du bachelier et du mulâtre, à la formation d'une classe bourgeoise. Contrastes d'une société hétérogène s'ajoutant aux contrastes d'une nature pathétique. Mais de ces contrastes, il a tiré une harmonie. Si le classicisme se définit par l'importance de la règle, par l'économie des moyens et par la pudeur, nul n'est plus classique que Machado de Assis. Son art est tout de subtilité, son style de demi-teintes. Il a distillé les poisons qui rongeaient ses viscères et son âme, pour en faire des élixirs. Mais la pureté des élixirs ou leur divine transparence n'empêche pas la brûlure intérieure.
Roger Bastide