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Ce livre est né d'une révolte. Un homme vient de sortir de prison, un autre tente de l'aider à reprendre pied dans la vie sociale. Ils s'échangent des lettres. Le condamné raconte les chemins qui l'ont mené derrière les barreaux. Il dit surtout qu'on n'en sort pas, que l'acte qu'il a commis l'a fait entrer dans une prison plus vaste, qui l'efface de la société. Qu'est-ce qui, dans son histoire dramatique, attire l'autre ? En quoi correspondent-ils ? Ce nouveau roman d'Arnaud Rykner s'inspire de la correspondance que l'auteur a menée avec un homme.
La belle image ne se veut pas un roman social sur la prison ou la double peine, qui marque souvent définitivement du fer de l'exclusion un homme condamné. Il ne veut pas donner de leçon. Avec Arnaud Rykner, on s'interroge sur la condition de chacun, notre part de liberté et d'enfermement ainsi que sur notre rapport aux passions. Comme dans Le Wagon, son précédent roman, Arnaud Rykner joue du réel et de la fiction avec la force de son écriture dépouillée.
Des murs invisibles
" Je voulais seulement faire un livre impossible à aimer. Sans morale. Sans issue."
Voilà ce que Arnaud Rykner s’est engagé à écrire suite à sa correspondance avec un professeur en prison souhaitant faire une thèse sur la Littérature. Inutile de dire que cet homme n’est pas un délinquant mais il a commis une faute pour laquelle il doit payer. Parce que les lettres sont d’une grande pudeur, que le rédacteur tente de ne pas trop se plaindre mais recherche plutôt une écoute sincère, l’auteur se reconnaît de plus en plus en cet homme meurtri, identifié à jamais par son acte, enfermé même en liberté sous le regard des autres.
" De toute façon, l’image, ce sont les autres qui me la fabriquent, et de celle-là, je ne pourrais jamais me défaire."
Alors que l’un tente de se refaire une place dans une société qui le rejette, l’autre crie sa rage et sa révolte contre ces hommes qui jugent et continuent à réduire à néant celui qui a déjà payé sa dette.
Sans défendre un homme qui a commis un acte répréhensible, faut-il le faire payer éternellement son égarement ?
C’est un récit personnel pesant tant par la lassitude de l’homme banni que par l’égarement de l’écrivain.
" J’aurais beau partir au bout du monde, c’est toujours moi que je trouverais, et c’est ce que je fuis."
Mais c’est un texte très beau où les mots ont la force de l’incompréhension, de la révolte face à cet homme libre d’une prison dont on ne sort jamais.