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Rien dans la nature n'est prémédité, elle ne connaît ni la géométrie ni les nombres, tout en elle est action immédiate, lutte imprévisible, mouvement éternel ; elle est une oeuvre sans projet. Au contraire les produits de notre industrie, dans la mesure où l'exécution y est entièrement subordonnée à un projet, tendent à n'être plus que des projets sans oeuvre. L'abstraction, la désincarnation ou déréalisation de nos productions industrielles, dont on a fait une esthétique, tiennent alors à ce qu'elles ont été conçues, grâce aux moyens modernes de conception, hors de la matière et des heures? : le projet fait alors l'économie de sa rencontre avec le monde, il n'est plus l'oeuvre d'une multiplicité dans le temps, il prend l'apparence d'une image sans présence au monde.
"Nulle conception n'est oeuvre" disait Alain? ; l'art conceptuel qui tend comme l'industrie à subordonner toute réalisation à une idée formelle, réalise au terme de deux millénaires et demi la quête de l'idéalisme platonicien.