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Malgré son entrée au Panthéon lors du Bicentenaire de la Révolution en 1989, la vie et l’oeuvre – considérable – de l’abbé Grégoire sont longtemps restées connues des seuls spécialistes de la Révolution française. Député à la Convention et évêque de Blois, fervent défenseur de l’abolition de l’esclavage et de l’émancipation des Juifs, l’abbé Grégoire se rallie au tiers état. À l’Assemblée constituante, il réclame l’abolition totale des privilèges et prône le suffrage universel.
Considérant les patois comme autant d’obstacles à la diffusion des Lumières, il propose que seule la langue française soit désormais enseignée ; à tel point que, dans les années 1970, il fut pour cela considéré comme le père du « racisme linguistique » par les défenseurs des minorités régionales. Cet ouvrage, en retraçant les grandes étapes de sa vie, nous restitue les multiples combats de l’évêque de Blois, ainsi que les nombreuses controverses que son oeuvre a suscitées et suscite encore.
Mais il est novateur aussi, en ce qu’il s’attache à analyser les diverses facettes d’une postérité ambigüe. Inédite, en effet, est la grande enquête menée ici sur la construction du mythe Grégoire depuis le XIXe siècle. Car « Grégoire n’est indifférent à personne. Sa présence est sollicitée dans toutes les causes humanistes et les combats pour les libertés fondamentales : antisémitisme, racisme, colonialisme et même classicisme linguistique », comme l’écrit dans sa préface Bernard Plongeron, directeur de recherche émérite au CNRS et professeur honoraire de l’Institut catholique de Paris.
