L'HOMME AFRICAIN AU MILIEU DU GUE. - Entre mémoire et avenir

Comme nombre d'ethnologues africanistes chevronnés et parce qu'il aura arpenté le terrain pendant près de quarante ans, René Bureau a beaucoup observé les cultures africaines, que ce soit au Cameroun, au Gabon, en Côte d'Ivoire. Il a, au cours de ses voyages, rencontré bien des gens passionnants avec lesquels il a noué de solides liens d'amitié. Ils lui ont parlé, il les a écoutés et de temps à autre il a publié la substance de ces entretiens, en s'étonnant souvent d'y découvrir une vision du monde et de l'homme que, dans un premier temps, il ne soupçonnait pas. Le savant a repris le chemin de l'école, de maître, il est devenu disciple et à l'évidence, il ne le regrette pas. Les textes qu'il a réunis dans ce livre - car il s'agit bien d'un livre et non d'une compilation ou d'un recueil - écrits pendant deux ou trois décennies, forment un ensemble d'une grande unité auquel le lecteur ne pourra pas rester insensible. Ils nous parlent longuement de la violence qu'elle soit ou non africaine, de la sorcellerie et de la vie sociale, du prophétisme africain et des réponses qu'il tente d'apporter à des sociétés que la modernité bouleverse, de l'éducation traditionnelle, des normes auxquelles elle se réfère et de l'apprentissage technique qui impose à celui qui s'y soumet une autre manière d'appréhender le monde. Tradition et modernité sont-elles à terme conciliables ? La rencontre entre l'Européen et l'Africain est-elle possible ? L'auteur parle, avec mesure et un talent pédagogique qui fera des envieux, de situations et de difficultés qu'il a souvent rencontrées. Nul aujourd'hui, dans le monde où nous sommes, ne peut dire que cela ne le concerne pas. Car, on le verra, le champ ici exploré et les redoutables questions qu'on y rencontre vont bien au-delà des frontières de l'Afrique. Africaniste moi-même, j'ai, pour mon plus grand profit, lu ou relu l'ensemble de ces textes. Oserais-je dire d'eux ce que l'on dit parfois des vins de grand cru : le temps les a bonifiés ! R.L.