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On peut considérer ce livre comme l’un des premiers traités d’urbanisme en langue française – le
terme ne sera admis qu’en 1910 – ou comme un essai sur l’art urbain et la qualité de la ville.
Une ville est d’abord une accumulation de rues, lieux de circulation et d’échange. Sans rue active
(on dit « vivante ») une ville dépérit. Mais la vie quotidienne dans la rue change d’une culture et
d’une époque à une autre.
Gustave Kahn reconstitue les ambiances de Pompéi, des souks des villes
arabes, des canaux de Venise ou d’Amsterdam. Il décrit les fêtes, les foires et les Expositions qui
transfigurent la ville et la magnifient tout en y attirant le monde entier. Il n’oublie pas les utopies,
la rue-galerie imaginée par Fourier, les passages chantés par les flâneurs. Il nous entraîne dans la
rue parisienne d’après Haussmann (qu’il n’apprécie guère), avec ses affiches (Chéret, Lautrec,
Mucha…), ses lumières, son animation.
Il en appelle à une architecture audacieuse (Horta, Hankar,
Guimard), s’inquiète de l’arrivée de la bicyclette puis de l’automobile, s’oppose aux tours qui
conviennent à New York mais pas au gabarit parisien. Il croit avant tout à la présence de l’art sur
les trottoirs. Un art pour tous, qui poétise la ville.