L'entrée de la Roumanie dans la Grande Guerre - Documents diplomatiques français (28 juillet - 29 décembre 1914) - Grand Format

La politique du Quai d'Orsay à l'égard de l'Europe du Sud-Est dans les six premiers mois de la Grande Guerre est simple : celle-ci vise à amener les petits Etats de cette région à se solidariser avec l'Entente. Le cas de la Roumanie témoigne d'une situation complexe, devant laquelle se sont trouvés les diplomates français. La Roumanie est l'alliée de l'Autriche-Hongrie depuis 1883. Or, Bucarest préfère une attitude d'expectative à une entrée en guerre aux côtés des puissances centrales.
Bien qu'un tel changement dans la politique extérieure de la Roumanie permette à la France d'avancer sa stratégie, un ralliement rapide de Bucarest aux côtés de l'Entente n'est pas encore possible. Deux facteurs se sont avérés redoutables dans l'ajournement de l'entrée en guerre de la Roumanie. D'un côté, c'est le manque de confiance entre la Russie et la Roumanie. Certes, la Russie est la première puissance qui admet le droit de la Roumanie d'annexer les territoires de l'Autriche-Hongrie habités par des Roumains.
Paris y acquiesce. Mais une aventure dans laquelle l'armée roumaine devient une force de diversion dans une tentative de dégager certains secteurs du front russe ne peut être acceptée à Bucarest. De l'autre côté, c'est l'incertitude qui plane sur l'attitude de la Bulgarie à l'égard de la guerre. Ainsi, la diplomatie française comprend qu'elle doit s'entremettre entre la Russie et la Roumanie pour faciliter le dialogue entre les deux voisins et proposer une stratégie cohérente de l'Entente pour les Balkans.
L'entrée en guerre de la Roumanie est la suite des initiatives franco-russes qui ont débuté précisément en 1914.