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La publication, il y a plus de dix ans, d'un établissement rural occupé du Vie siècle avant J-C au IIIe siècle après J-C, la ferme du Boisanne à Plouër-sur-Rance, dans les Côtes d'Armor (Daf 58) permettait à Yves Menez de s'interroger sur la notion de ferme indigène. Aujourd'hui, Ivan Jahier revisite la problématique à partir du site protohistorique de Courseulles-sur-Mer, implanté cette fois en retrait de la côte normande.
Le gisement regroupe tous les éléments classiques de la ferme indigène : maisons, clôtures, dépendances, réserves, aire agricole et de pacage, restes domestiques, traces d'activités artisanales, et même quelques sépultures, mais répartis à l'intérieur et autour d'une enceinte trois à quatre fois plus vaste que la plupart des enclos de l'âge du Fer de la région. A quelle nécessité répondait le regroupement de tant de structures de stockage dans une enceinte dont la vocation était manifestement plus ostentatoire que défensive et qui n'abritait que deux ou trois maisons ? Ivan Jahier tente de répondre à cette question avec un solide esprit d'analyse.
Les conclusions qu'il tire, les interprétations qu'il propose éclairent d'un jour nouveau l'organisation de la société du Ve siècle avant J-C, et permettent de développer de nouvelles hypothèses quant à l'origine de la transition culturelle qui a marqué le début du second âge du Fer en Normandie.