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"Le plus poignant des romans d'amour contemporain", Raymond Queneau. "L'écume des jours, c'est Roméo et Juliette sans confl its familiaux, Tristan et Yseut qui n'ont pas besoin de philtre, Paul et Virginie à Saint-Germain-des-Prés, une Dame dont les Camélias sont remplacés par un Nénuphar, Héloïse sans castrer Abélard. Voilà un tournant : le moment, après la guerre, où le roman français se dit que ce qui importe, c'est de faire bouger le lecteur sur un air de be-bop.
Boris Vian en a marre des académismes, il veut faire rire et swinguer la langue, il veut obtenir les larmes, il veut aussi faire rêver et proposer davantage qu'une romance: une fenêtre ouverte sur le merveilleux", Frédéric Beigbeder.
Attention : roman culte !
L’écume des jours est une histoire d’amour tragique, simple et touchante, avec le jazz pour musique de fond. La construction du roman reflète un beau classicisme : d’abord la situation initiale (Colin et Chloé se rencontrent par l’intermédiaire du cuisinier Nicolas), puis l’élément perturbateur (la maladie de Chloé) puis les péripéties et enfin la situation finale (la mort de Chloé et celle plus que probable de Colin). Les éléments extérieurs du récit viennent admirablement en écho à cette évolution dramatique : les couleurs s’affadissent progressivement, l’espace se réduit petit à petit sans que les protagonistes comprennent pourquoi, etc. Cette perfection formelle abrite en son sein des situations très fantaisistes décrites avec force images poétiques et néologismes proches du courant surréaliste qui rendent la lecture étrange et déroutante. A mon sens, c’est ce mélange parfait entre conformisme et excentricité qui font de roman un texte culte, le véritable chef d’œuvre de son auteur. Que j’envie ceux qui ne l’ont pas encore lu et qui le découvriraient pour la première fois !