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Tassos Livaditis fut d'abord un jeune homme engagé à gauche, dont les poèmes décrivent les luttes et les épreuves du militant. Cette partie de l'oeuvre, pleine de nobles sentiments, mais moins originale, est représentée ici par une petite poignée de poèmes. Le second Livaditis est apparu dans les années 70 avec une voix bien à lui, des poèmes étonnants qui racontent des histoires — non, des débuts d'histoires, des bouts d'histoires qui tournent court et se succèdent sans suite (en apparence) comme les rêves, et sont comme eux (en apparence) très éloignés du réel.
S'agit-il ou non de vrais récits de rêve ? Peu importe : ils sonnent vrai et juste. A cinquante ans, orphelin du rêve révolutionnaire, réduit au rêve tout court, le poète n'a pas renié ses idéaux, il s'est simplement dégagé de l'événement : ce n'est plus le combattant qui parle, mais l'homme tout entier, dans toutes ses dimensions et tous ses âges, dressant le bilan d'une vie entière — une vie brisée, dévastée par l'écrasement des espoirs d'antan et diverses misères présentes, cauchemar, champ de ruines où un homme dépossédé, déboussolé erre sans fin avec nous.
Les morts hantent ces poèmes, ils ont l'air vivants, tandis que les vivants ressemblent souvent à des morts. Quant à la foi chrétienne du poète, ardente selon ses biographes — Jésus se mêle souvent dans ces pages aux vivants et aux morts —, on dirait une petite flamme tremblant dans la nuit.